Coder et designer pour un futur incertain

Épisode 1 publié le 13/12/2018

Marie-Cécile Paccard

Marie-Cécile Paccard

Marie-Cécile Paccard est designer et auteure des articles S'éveiller à l'effondrement et Design pour un futur incertain. On parle d'effondrement et d'éco-conception dans le design et le développement web ou logiciel.

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Peux nous parler de ton métier et de ce que tu fais au quotidien en tant que designer ?

Oui avec plaisir. Effectivement je suis designer. C'est un métier compliqué parce que tout le monde enfin personne ne sait vraiment ce qu'on fait, nous les designers dans notre cave magique, qui sortent des maquettes. Je me positionne plutôt comme designer systémique c'est à dire que j'aide les organisations, des personnes à voir la complexité des choses et puis à l'aborder et derrière, je les aide à sortir les idées, les bonnes idées sur les systèmes qu'ils veulent construire. Parfois ça résulte dans des applications, parfois ça résulte dans autre chose. Je les aide juste à concevoir.

Tu peux nous donner des exemples de projets sur lesquels tu as travaillé ?

Oui, en ce moment, je travaille sur une application qui permet de gérer l'assurance différemment s'appelle Dis Moi Lya, d'ailleurs on a un proof of concept en ligne si vous voulez jeter un oeil et puis je travaille sur d'autres choses un peu plus vaporeuses comme des conférences, des ateliers que je mène pour aider les gens à définir correctement leurs valeurs, leur raison d'être pour que ça fasse une bonne base pour leur communication et leur façon de structurer leur entreprise. Voilà ça c'était l'actualité.

Alors tu as écris des articles sur ton blog qui m'ont beaucoup interpellé et qui ont interpellé pas mal de monde d'ailleurs : "S'éveiller à l'effondrement" et "Design pour un futur incertain". Alors selon toi qu'est-ce que l'effondrement ?

Alors... L'effondrement prend plusieurs définitions. Il y en a certaines qui parlent de la fin de notre société, la fin de notre civilisation. Voilà c'est joyeux, carrément. En général, l'effondrement c'est une chute brutale de la population. Donc si on voit dans l'histoire de l'être humain on n'est pas les premiers, on ne serait pas les premiers à s'effondrer si toutefois nous nous effondrions. Il y a eu pas mal de..., l'île de Pâques. Civilisationnellement, les mayas, les romains.

Et un effondrement c'est, la définition moderne, c'est le moment où la loi, en tout cas l'encadrement légal ne peut plus fournir aux personnes de quoi se nourrir, de quoi se loger et de quoi subvenir à leurs besoins. Donc c'est quand toutes les structures de la société s'effondrent et du coup ça amène quand même à des gens qui ont du mal à vivre et du coup la société s'effondre. Et c'est en général comme ça qu'on l'envisage dans l'exercice de "collapsologie" moderne.

On parle de plusieurs facteurs dans l'effondrement : il y a le climat, l'épuisement des ressources naturelles, la fin annoncée du pétrole...

Oui la définition que j'ai donné, celle qui parle de service encadré par la loi c'est celle qu'a donné Yves Cochet, ancien ministre de l'écologie. Il est créateur de l'Institut Momentum, un institut qui s'intéresse justement au potentiel effondrement notre civilisation. Mais effectivement un effondrement peut être sociétal, économique, écologique. On peut très bien ne pas s'effondrer en tant que civilisation mais la terre s'effondre, et si jamais on ne peut plus cultiver d'aliments effectivement on aura des petites bricoles.

L'effondrement ne serait-il pas déjà commencé finalement ? Parce qu'on a perdu 60% des vertébrés sur la planète, l'épuisement des ressources en matières premières est assez proche alors que la démographie est exponentielle. Selon toi cela ne serait pas déjà commencé mais on ne se rend pas compte au quotidien ?

Oui selon moi c'est un peu compliqué parce que moi j'ai aucune légitimité à me prononcer là dessus. Ce ne sont que mes intuitions et mon ressenti. Il y a pas mal de gens qui travaillent sur le sujet, des chercheurs et des chercheuses qui justement disent qu'on l'attend encore et puis d'autres qui disent que ça a déjà commencé et qu'on ne se rend pas compte. Mais c'est déjà bien bien avancé. Tout dépend de quelle définition ou à partir de quel référentiel on se place. Mais effectivement il y a des choses qui commencent à sentir pas très bon on va dire.

Le fait que ne serait-ce qu'à Lyon la température en été devient presque invivable. Alors ce n'est pas encore trop long, c'est l'affaire de deux ou trois semaines. Mais effectivement en 2050 ont prédit des températures qui seront comme ça mais en permanence. C'est à dire tout l'été on dépassera les 40 degrés. Ça commence déjà à devenir non seulement préoccupant mais en plus réel : la disparition des espèces, les températures qui augmentent, l'agriculture qui commence à être un petit peu menacée par les changements climatiques, Cela nous fait réfléchir ça c'est clair. Peut-être qu'il est déjà commencé, oui.

Et finalement ce qui se passe actuellement avec le mouvement des gilets jaunes, lorsque tu parles des aspects de l'effondrement...

C'est une vaste question. C'est une très très bonne question. Parce que le coût du pétrole, sincèrement, ne fera qu'augmenter. Ça c'est technique, scientifique. C'est simplement mathématique : quand une ressource commence à se raréfier ou quand le coût d'extraction du pétrole va commencer à être trop important, forcément les coûts vont se contrebalancer sur les consommateurs, enfin, sur les états et les consommateurs. Oui, l'augmentation du pétrole, c'est en tout cas l'augmentation du prix de l'énergie. C'est un des symptômes d'un potentiel effondrement. Ce que je trouve intéressant sociologiquement parlant au niveau des gilets jaunes... Alors moi je regarde ça de très loin parce que je suis assez privilégiée pour ne pas être impactée. Je n'ai pas de voiture. Je peux me permettre de pas avoir de voiture.

Mais je vois ça comme un phénomène assez intéressant où pour l'instant on observe, malgré ce qu'on pourrait croire, plutôt un rassemblement. Il y a beaucoup de gens qui se revendique gilet jaune sans vraiment avoir de positionnement politique, simplement parce qu'ils ne s'intéressaient pas avant, et pour moi que plus de gens s'intéressent à la politique et à la façon dont on décide de vivre ensemble tous en France, je trouve ça très bénéfique. Donc on verra ce que ça donne. On voit que le mouvement est soi-disant disparates quand on lit les médias. Quand on lit d'autres analyses notamment des chercheurs et des chercheuses... Je crois qu'il y a une chercheuse en particulier qui a été analyser les données - ou une sociologue, je ne sais plus - les données qui sont sur les réseaux sociaux, analyser le vocabulaire, analyser ce qui se dit, comment les gens s'expriment et il s'avère qu'en fait c'est beaucoup plus unifié qu'on le croirait et c'est beaucoup moins à l'extrême-droite. En tout cas je ne fais que répéter ce que j'ai lu mais ça me paraît très intéressant.

Alors je parlais de l'effondrement autour de moi et pas mal de personnes sont finalement assez sceptiques. Ils disent la fin du monde on l'annonce, on l'a annoncé, Nostradamus, Paco Rabanne... On en a ça tous les dix ans, tous les vingts ans... On a des films catastrophes. Que dire à ceux qui sont sceptiques, qui pensent que la science nous sauvera forcément, qu'on trouvera des solutions ?

Il y en a des solutions ça c'est sûr. Elon Musk travaille très dur sur des solutions. Le seul problème avec la solution d'Elon Musk il très gentil, il veut aller sur Mars mais le truc c'est qu'il ira tout seul. C'est à dire qu'il va pas nous emmener avec lui le petit. C'est ça qui m'embête un petit peu et puis bon moi je ne sais pas si vous avez vu les images du dernier Rover qui a atterri sur Mars et qui nous envoie de belles photos ? Je n'ai pas spécifiquement envie d'aller passer mes jours sur Mars. Ça m'a l'air un petit peu... un petit peu sec quand même.

Il n'y a pas trop d'arbre.

Non il n'y a rien, il n'y a pas beaucoup de trucs. Pour revenir sur "c'est la technologie qui va nous sauver" c'est ce qu'on appelle clairement le solutionnisme technologique. Il y a beaucoup de gens, enfin même moi la première... J'ai passé une phase où je me disais mais il va bien se passer quelque chose. On va bien trouver quelque chose. On va trouver une autre source d'énergie. Pour l'instant tous les chiffres qui sont disponibles et que j'ai eu l'occasion de lire vont plutôt dans le sens où potentiellement oui on pourrait trouver quelque chose.

Le problème c'est l'énergie et le temps dont aura besoin pour trouver ces solutions. Par exemple là on se retrouve face à des pénuries de métaux rares donc cela veut dire que les sources de métaux rares du type argent, cuivre, manganèse, dysprosium commencent à se tarir. Et le problème c'est que si ces sources se tarissent, il faut en trouver d'autres. Cela veut dire qu'il faut aller plus loin, plus profond. Il faut plus d'énergie. Il faut plus de temps et avant qu'on trouve de quoi remplacer ceux qui existent, on sera déjà en panne des métaux existants. C'est un peu embêtant.

Par exemple là le cuivre on parle d'une fin, fin des mines de cuivre, dans les dix à vingt ans à venir. C'est pareil pour l'argent, c'est pareil pour le plomb. Le dysprosium est un matériau qui est très utile dans les aimants. Il y en a partout du dysprosium : dans nos ordinateurs, dans les éoliennes, dans les panneaux solaires, dans les smartphones, les circuits imprimés... Cela fait deux ans qu'on dit qu'il y a deux ans de réserve de dysprosium. Cela commence un petit peu à sentir mauvais et surtout on a pas de remplacement pour ces métaux.

Je veux bien que quelqu'un trouve quelque chose de miraculeux. Je ne sais pas : la possibilité de réorganiser les atomes par nous-mêmes pour créer de l'eau et de l'énergie ? Pour l'instant ça paraît un peu compromis.

Je préfère me dire que si c'est compromis et qu'une partie de la science nous dit que ce ne sera pas possible, il faut aller chercher ailleurs. Ou en tout cas réfléchir à notre mode de vie pour se passer de ces métaux rares. Ce qui n'est pas une mince affaire.

Alors, dans ton article tu parlais de... "Du moment où nous codons, écrivons, dessinons, publions sur le web, nous sommes responsables de ce que nous créons". Quelles seraient nos responsabilités ?

C'est une très bonne question. C'est pas de moi cette expression mais de Mike Monteiro qui est un designer américain qui se bat beaucoup pour l'éthique et la responsabilité des designers entre autres dans ce qu'ils font. Il dit que le design est politique, que nous sommes responsables de ce que nous mettons au monde et c'est tout à fait vrai. Moi je l'étends à tout. Si les designers sont responsables de ce qu'ils mettent au monde alors du coup qui est un designer ? J'appelle tout le monde designer parce que du moment où on influe sur le produit final, du moment où on a le pouvoir de décider comment le produit final va fonctionner, on fait du design. Parce que le design c'est "conception" au sens propre du terme.

Donc oui effectivement quand on développe quelque chose, on décide comment l'articulation va se faire on décide ce qui sera possible et ce qui ne sera pas possible, simplement avec le code. Et cette responsabilité de décider comment les choses fonctionnent en gros, là je pars du côté un peu philosophique, c'est décider comment fonctionne le monde.

Par exemple en Angleterre, récemment, il y a une grande campagne d'informatisation, de numérisation des services, de dématérialisation. On ne peut plus demander d'aide financière autrement que sur internet. Et c'est un choix technique, certes. C'est comme en France, on ne peut plus déclarer nos impôts en dehors d'internet. Le formulaire papier va disparaître. Mais c'est un choix, et les personnes qui ont fait ce choix sont responsables des conséquences. C'est-à-dire que quand on va demander des minima sociaux en Angleterre c'est généralement qu'on est vraiment dans la merde, on peut dire ça comme ça. Et ce sont des populations qui sont le moins susceptibles d'avoir accès à internet, des populations qui sont le moins susceptibles d'être éduquées numériquement et d'être à l'aise avec les outils numériques.

Et quelque part, je me demande est-ce que ce n'est pas juste voulu, quoi. Les organes décisionnels se rendent-ils compte que forcer les gens à demander leurs minimas sociaux sur internet c'est les décourager ?

C'est un peu de cette responsabilité-là dont je parle. Et il y a plein plein de bouquins qui sont très très bien. Je vais en citer un parmi tant d'autres : "Technically Wrong" de l'autrice Sara Wachter-Boettcher. Ce bouquin parle entre autres de la tech toxique c'est à dire de tout ce qu'on fait parfois sans le vouloir. Je ne dis pas que c'est volontaire. Mais on ne se rend juste pas compte parfois des conséquences de ce qu'au code ou de ce qu'on designe juste parce qu'on n'est pas dans la situation de tous les utilisateurs et utilisatrices. Et ce bouquin passe en revue pas mal d'erreurs, volontaires ou pas, de code, de design, de conception, qui ont des conséquences sur la vie des gens. Sur la vraie vie des gens.

Même quand on crée une petite application, il y a de la responsabilité derrière. On met quelque chose au monde. Si on fait des enfants numériques, il faut les élever, il ne faut pas les lâcher comme ça.

Tu disais aussi "nous devons changer la manière dont nous concevons les choses" donc justement en tant que le designer, en tant que développeur, qu'est ce qu'on pourrait faire pour faire changer les choses notamment en terme éthique ou en terme d'utilisation des ressources ?

Oui c'est un vaste programme aussi. Je le développe un petit peu plus dans les articles. Je ne suis pas la seule en plus à pousser pour changer nos pratiques. L'univers, le monde dans lequel nous avons la chance d'être né, c'est un système fini au sens mathématique du terme c'est à dire qu'il y a des limites. Si on va trop dans l'atmosphère c'est l'espace il y a plus d'air et on meurt. C'est pareil pour la terre elle ne grossit pas, elle ne se réduit pas, c'est à dire que tout ce qui est dessus, l'eau par exemple, on ne va pas créer de l'eau.

L'eau elle est là, elle a toujours été là. D'ailleurs, fun fact, l'eau est là depuis le début de la terre, en gros quoi. Et il se peut que quand on boit une bouteille d'eau ou quand on tire de l'eau du robinet c'est de l'eau qu'un dinosaure a bu dans un passé très éloigné. Cela m'a beaucoup plu ce petit fun fact. De me dire ah ouais c'est sympa ça.

Cela veut dire que la Terre est un système circulaire, il y a des ressources, et ces ressources sont réutilisées. Et nous on est en train de prendre tout le pétrole et on l'utilise sans se dire qu'il y aura des lendemains.

Cela veut dire que l'exponentielle dans laquelle on se trouve, l'exponentielle informatique c'est à dire plus de données, plus de serveurs, plus de matériels, plus de devices, à un moment on arrivera à une limite. C'est à dire que on aura plus de quoi alimenter les serveurs qui hébergent nos données. Ça va poser des problèmes. Il y a des initiatives qui commencent à se poser la question de la ressource. Se dire et si on commençait à créer des systèmes un peu différents. Si on commençait à se dire bon on n'a pas besoin de tout ce matériel, on peut faire avec des serveurs un peu moins puissant, avec des applications moins gourmandes.

Peut-être que nous designers et développeurs on peut se poser des questions sur comment nos systèmes sont faits, sur quoi ils reposent, sur quel type d'énergie.

Il y a un projet vastement célèbre dans le monde du développement qui vient de sortir, c'est le Low-tech magazine. Je ne sais pas si toi et les auditeurs et auditrices l'ont vu passer : Low-tech magazine qui est donc un magazine qui parle de... low-tech, bravo, a poussé le concept en se disant ok, on est un magazine de low-tech, on va appliquer nos règles : une occurrence de leur site qui est hébergé sur un serveur alimenté d'énergie solaire, un serveur qui est à Barcelone. Donc ça va, c'est relativement ensoleillé. Ils ont bien choisi. Mais n'empêche quand le serveur la nuit par exemple est sur batterie et parfois il n'y a pas eu assez de soleil dans la journée donc le serveur il est down quoi. Il est offline. Et c'est pas grave. C'est comme ça, ils se sont dit c'est le jeu quoi.

Effectivement j'ai été voir le site Low-tech magazine. C'est assez marrant parce qu'on a le pourcentage d'énergie encore disponible sur le serveur. Donc on sait qu'il peut s'éteindre en fait. Le site peut ne plus être accessible. Le design du site est nickel. Il est très lisible et c'est joli. C'est minimal en terme d'UX. Je n'ai pas regardé le code source mais je crois que qu'il est super-léger. Il est chargé très très rapidement.

Exactement, c'est pousser le concept très loin et dire ok si vraiment on veut être low-tech qu'est ce que ça implique et qu'est ce que ça implique surtout dans la conception et dans le code. Je trouve ça vraiment super de se dire on ne va pas appeler de font, Google fonts, parce que du coup c'est un appel à un serveur c'est ça prend du temps et ça prend des ressources. On peut très bien se débrouiller avec les typos chargées sur les navigateurs par défaut.

On peut s'en sortir avec du statique. Enfin je sais que là c'est l'émergence des petits moteurs de sites "flat file", sans base de données derrière et sans truc compliqué. Moi j'ai mon site qui tourne sous Kirby. Je trouve ça génial. Je vais essayer de voir un peu ce que Jekyll donne aussi.

L'abondance d'énergie qu'on a eu jusqu'à présent nous a permis de faire des choses sans vraiment regarder l'impact de ce qu'on faisait parce que de toute façon l'impact ne se voyait pas. On branche un serveur sur le courant et puis tout va bien. Et il n'y a pas de problème d'énergie. Il est possible, moi je ne suis pas Paco Rabanne justement, mais, prédiction, il est possible que dans les 15, 20 ans à venir on ait des problèmes d'infrastructures qui implique des coupures d'électricité plus ou moins sauvages surtout en ville. Parce que si le pétrole est plus cher le gazole est plus cher. Se déplacer en voiture c'est plus cher et comme on n'aura pas le temps de remplacer tous les véhicules par des véhicules électriques. L'eau, l'électricité, le gaz, ces réseaux vont avoir besoin de maintenance et parfois vont se casser, enfin, juste être "off" aussi. Du coup, il est possible qu'on ait des coupures d'électricité et comment nous on va réagir, nous développeur, développeuse, comment est-ce qu'on va réagir quand il n'y aura de plus en plus de problèmes d'énergie pour alimenter nos sites ?

Et puis je trouve ça intéressant de se dire qu'on n'a pas forcément besoin... J'ai un confrère designer qui s'appelle Gauthier Roussilhe, qui me disait qu'il a fait une expérimentation dans une classe d'élèves. Au lieu de leur dire vous avez un site web à créer et vous avez un budget de 30000 euros, il leur a dit vous avez 30 kilowatts/heure. Tout le monde était là : ok? C'est intéressant de voir l'énergie que demande un serveur. La donnée qui passe par les tuyaux demande de l'énergie. Ce n'est pas juste magique.

Donc une éco-conception ça va plus loin et c'est moi je trouve ça cool que ça influe, et sur l'architecture serveur physique, et sur le développement, et aussi sur le design. Il faut aussi que nous designers on sorte de nos délires de beauté universelle pour se dire, les gars c'est bon on peut faire avec les typos de base. Elles sont d'ailleurs très bien dessinées et très jolies.

On peut prendre pour exemple le mythique site américain Craiglist qui est resté très très simple depuis le début et qui fonctionne. Qui est très moche mais...

Oui, moche, moche ou pas. Et puis Le bon coin aussi. C'est marrant de discuter avec les designers du bon coin parce que la notion de moche déjà c'est subjectif. Parce que ce n'est pas moche pour tout le monde. Et puis aussi tant que c'est simple et que c'est utilisable.

Après, ne pas confondre minimalisme et sobriété technologique. Je ne suis pas une méga fan de material design et de flat design qui sont souvent, enfin, ce n'est pas tellement la manière qu'ils sont conçus. C'est plus comment les gens l'utilisent et l'implémentent... Enfin, certaines personnes l'implémentent. Et je trouve que parfois le minimalisme n'est pas un minimalisme technique, parce que derrière il y a un gros framework qui tourne, il y a un bootstrap gigantesque avec des lignes de codes qui ne sont pas du tout nécessaires.

Pour autant l'interface visuelle est dépouillée, mais trop dépouillée quoi. On comprend plus ce qu'il y a. Il manque des messages de statuts, ne serait-ce qu'au moins savoir ce qu'on peut faire pour annuler ou pour revenir en arrière, Parfois c'est compliqué.

Toi, au quotidien, comment tu fais pour convaincre tes clients justement pour plus de sobriété, ne pas utiliser la font google, ne pas utiliser des animations qui vont faire ramer le navigateur, qui vont consommer de l'énergie ? Est-ce que tu travaille là dessus avec tes clients ?

C'est très très compliqué. Souvent le problème c'est que l'architecture technique derrière n'est pas du tout de mon ressort. Donc tout ce que je peux faire c'est les sensibiliser déjà. En général rien que par ma posture c'est à dire que quand les clients qui viennent me voir, ils sont au courant de ce que j'écris et de ce que je pense donc ils savent que ma démarche va être en tous cas imprégné un petit peu de l'esprit de l'anthropocène, d'un potentiel effondrement. Effectivement, oui ce n'est pas facile quand je vois les projets en cours.

Là où je m'éclate le plus c'est là où il y a le plus de choses possibles à faire, c'est dans les projets perso. Par exemple avec des confrères et consoeurs designers on a lancé un petit collectif qui s'appelle Common futures justement. Pour parler aux designers, pour leur dire il y a peut-être un changement qui est en train de s'opérer et peut-être qu'il faut qu'on change notre manière de faire du design pour dire aussi aux designers qu'ils ont un rôle à jouer. Enfin, nous avons un rôle à jouer dans l'anthropocène et du coup sur ce petit projet là bas on s'éclate à dire le site sera complètement Low-tech, la manière dont on gère le collectif est low-tech aussi. On revient aux mails, aux listes de diffusion. On va se poser des questions sur comment on peut aller vraiment à des choses low-tech par essence. Donc là on a plus de latitudes.

Tu parlais aussi d'analyser l'énergie qu'on consomme, qu'une application consomme. Je vois un gros problème aujourd'hui c'est que nous développeurs, designers, etc, on n'est pas assez sensibilisés ou on n'a pas appris à faire attention à ce genre de choses. On peut en prendre conscience mais il manque peut-être l'apprentissage. C'est aussi le but de ce podcast de faire un focus là dessus et peut-être que ça va donner envie aux gens, aux développeurs, designers UX, UI, de regarder, pour aller plus vers de la low-tech, de la sobriété numérique. D'analyser qu'une page va consommer, comme tu disais, tant de kilowatts-heure. Cela met 10 secondes à une page web pour s'afficher, ce n'est pas normal. Et aller vers moins de consommation d'énergie finalement. Est ce que c'est quelque chose à mettre au programme des cursus ? Ou est-ce que c'est à nous développeurs d'aller chercher l'information, à se former. ? Est-ce que ce sont des nouvelles formations à mettre en place ? Je sais qu'il y en a quelques-unes, celles de GreenIT par exemple.

Je suis tout à fait d'accord. C'est compliqué parce que comme je disais ce paradigme, cette façon de voir le monde avec des ressources illimitées c'est quelque chose qui est hérité des générations précédente. Je suis assez en colère contre les baby boomers même si c'est pas vraiment eux qui ont causé les problèmes.

Ils en n'avaient pas consciences...

Et là aussi c'est le rôle des designer. Notre mission ça a été de rendre des choses désirables, de rendre des choses belles qu'on a envie d'acheter : les voitures, les iPhone, c'est beau et il y a un statut social derrière. Le modèle en lui-même n'est pas juste tenable parce que les composants qui sont dans ces appareils... On ne pourra plus les fabriquer.

Il y a un designer que j'aime beaucoup qui s'appelle James Auger qui fait du "design spéculatif". Il crée des choses qui en fait n'existent pas ou alors qu'ils sont irréalisables.

Mais qui du coup nous font poser pas mal de
questions.

Pas mal de startup font aussi du design spéculatif...

Oui bien sûr, je trouve ça bien, il faut que les startups s'empare du truc. C'est une discipline qui est intéressante, simplement parce qu' on essaie d'imaginer des futurs et puis on regarde s'ils sont désirables ou pas. S'il de plus de plus de futurs désirables avec quoi composer le mieux c'est.

Et donc James Auger nous parle de ça, de comment nous en tant que personnes ont réagi face au système, à la grille électrique, par exemple. Et il dit qu'on a une prise de courant et puis quand on branche un truc sur une prise de courant, tu ne sais pas combien tu consommes, tu ne sais pas d'où vient l'énergie. C'est très compliqué également de comprendre d'où vient l'énergie. Je suis en train de bosser justement avec une startup qui promeut l'énergie verte et ils m'ont expliqué comment fonctionne l'électricité. Qu'est-ce que l'énergie verte,comment elle est injectée dans le réseau, comment elle arrive jusqu'à chez moi. C'est fascinant mais on le sait pas parce que le système fait que c'est pas transparent.

Qu'est-ce qu'on pourrait faire nous designers et développeurs pour créer des trucs qui disent, qui informent simplement les personnes de ce que vous consommer : un tweet en fait c'est tant de kilowatts-heure... Je prends un chiffre aussi intéressant que j'ai tiré d'une conférence d'Alexandre Monnin et Diego Landivar qui sont passés à Blend Web Mix il n'y a pas très longtemps, qui disait que en 2050 il y aura à peu près entre 50 et 100 milliards d'objets connectés sur Terre : donc Alexa,les boutons Amazon, les capteurs en ville. Et en fait on n'aura pas assez d'énergie pour les alimenter ces machins. C'est un peu flippant. En 2013, la somme des objets connectés dans le monde ça faisait à peu près je crois plus de 600 térawatts-heure par an ce qui en fait équivaut à la consommation du Canada et de la Finlande réunis en un an. Sur ces 600 térawatts-heure il y a 400 térawatts-heure c'est juste pour les appareils en veille. C'est fou quoi !

On peut approfondir là dessus. Il y a forcément des choses à faire. Tu parlais des prises. Est-ce que c'est tout simplement d'avoir des prises programmables partout et que cela s'allume que quand on a besoin ?

J'ai pas mal de designers dans mon entourage qui font l'effort de se dire je vais tout installer sur des multiprises avec des interrupteurs chez moi et puis je vais supprimer tous les appareils électriques qui ne servent à rien, dans cette dans cette espèce de recherche de sobriété. Et c'est intéressant de voir comment ça impacte la consommation électrique. On a des compteurs Linky qui nous permettent un suivi un peu plus fin mais oui il y a quelque chose à faire en fait. Nous quand on conçoit les choses, designers et développeurs, il faut qu'on pense à, première étape pour moi, c'est informer les gens. C'est informer quand on utilise tel truc, combien d'énergie on a consommé, quel type de matériel ça a fait appel. Nous aussi on peut réfléchir à comment on informe les utilisateurs de l'impact qu'ils ont et avec une information ensuite on fait de bons choix, en tous cas on fait des meilleurs choix.

Si je peux faire le parallèle par apport au développement web, je lis ça de plus en plus souvent : quand ton client te demande telle ou telle fonctionnalité d'évaluer la consommation d'énergie, celle d'une requête en base de données très lourde qui va prendre 3 secondes et consommer pas mal de l'électricité, de lui dire est-ce qu'on a vraiment besoin de cette fonctionnalité ? Il y aura pas mal de données qui vont transiter dans le réseau tout ça c'est assez consommateur. Aujourd'hui en estime les fonctionnalités en nombre de jours, en complexité, etc Mais est-ce qu'on ne pourrait pas justement rajouter en critère l'impact environnemental, l'impact sur la consommation d'énergie. De rajouter ces critères dans notre travail au quotidien ?

Absolument et je vais revenir à un point essentiel c'est la volonté c'est à dire que c'est difficile d'implémenter les choses comme ça en disant à notre client cette requête SQL, ça c'est pas possible, c'est difficile si à la base il n'y a pas eu une entente ou un accord. C'est toute la question de la posture aussi. C'est pour ça que quand tu me parlais tout à l'heure de ma posture envers les clients, les gens savent que s'ils viennent vers moi je vais essayer de pratiquer un design différent. Et c'est important de dire dès le début du projet qu'il soit sobre en énergie cela veut dire que la conception elle même sera impacté. Cela va être une grille de prise de décision si on décide d'avoir un impact moindre qui va impacter qui va influencer toute la conception de A à Z. Et toutes les décisions de A à Z. Et je trouve ça super intéressant de se dire l'énergie c'est pas que la consommation du serveur, c'est aussi le nombre de personnes qui bossent dessus, le nombre de personnes qui se déplacent dans la journée pour pouvoir le faire, le nombre de réunions, qu'on va faire et on va se déplacer on va prendre le train, le train ça va encore mais prendre la voiture, être coincés dans les bouchons. C'est tout quoi si on veut vraiment aller au bout du truc et pousser le vice jusqu'à calculer l'énergie que dépensent les personnes qui travaillent sur le projet c'est super intéressant. Cela devient prise de tête mais super intéressant

Tu parles dans ton article de "refuser le dogme de la croissance exponentielle". Mais que faire lorsqu'on travaille en startup ou chez un prestataire ou client qui veulent toujours grossir ? C'est un gros dilemme pour nous, travailleur du web.

C'est un énorme dilemme on appelle ça la dissonance cognitive c'est à dire ce qu'on veut faire ou en tout cas ce qu'on voit autour de nous n'est pas du tout en correspondance avec ce qu'on aimerait faire et nos aspirations. C'est c'est un gros souci. Même moi au quotidien parfois il y a des jours je me lève c'est chaud. Parce que j'ai conscience de l'effondrement, j'ai conscience qu'il y aura des limites à notre système. On ne peut pas continuer à grossir exponentiellement. À un moment les villes seront saturées de voitures, à un moment il y aura plus d'énergies. C'est très dur de vivre dans un monde où nous dit "écoutez les gars, il faut être le plus riche possible, il faut être le plus gros possible, il faut dépenser le plus d'argent possible" alors qu'au fond de nous on a un petit peu la sensation que ce truc là ça mène pas à grand chose et c'est dur à vivre au quotidien. Et je ne dis pas que c'est facile de trouver des solutions. Des startups éthiques il y en a pas non plus des caisses. Et cela ne veut rien dire l'éthique. C'est juste une façon de formuler les choses. Chacun a sa propre éthique. C'est à nous de la composer aussi et savoir ce qu'on veut mettre dedans. Même si on trouve une startup éthique qui nous dit qu'elle ne va pas vouloir croître exponentiellement. J'essaye de promouvoir un modèle de ce qu'on appelle prospérité vu dans le sens de la stabilité. Est-ce qu'il est obligatoire de croître ? C'est compliqué quand on a des actionnaires qui nous demandent des résultats et des chiffres toujours de plus en plus gros. Mais finalement quel sens ça a ? Quels sens ont ces chiffres ? Et c'est à nous aussi, la nouvelle génération de gens qui sont dans le monde du travail de dire ce qu'on ne veut plus faire. Simplement d'avoir la posture de dire "j'ai pas envie de travailler dans une startup qui veut croître à tout prix, ce n'est pas dans mes valeurs". C'est pas facile. Je pense que c'est c'est bien de se tracer une série de lignes blanches qu'on peut si besoin traverser. C'est pas une barrière, c'est une ligne qui donne un guide générique. La réalité il faut encore payer son loyer, avoir un CDI... la société nous oblige à avoir un CDI...

Le fait de travailler en startup ou dans une boîte qui veut croître parce que justement d'essayer de pousser le message pour aller vers plus de sobriété, vers sur ce qu'on disait tout à l'heure, sur les estimations des fonctionnalités en impact environnemental, de faire ce travail de lobby en interne, cela est peut-être une possibilité ?

Oui tout à fait, c'est à dire demander l'avis à personne et développer de manière sobre. C'est un petit peu ce que j'essaie de faire. C'est un peu comme l'accessibilité ou la qualité web qui sont très difficiles à vendre à des clients parce qu'ils disent que ça va nous coûter cher alors que si c'est fait depuis le départ ça ne coûte pas plus cher. C'est juste une façon de voir les choses. On peut, comme on vend de l'accessibilité, de la qualité web, on la vend pas on l'a fait d'office, c'est compris. On pourrait dire que la sobriété c'est compris dans le package, c'est une façon de voir les choses.

Je fais le parallèle avec le développement web finalement c'est un peu comme si on vendait en option les tests unitaires et les tests fonctionnels alors que cela fait partie du développement. on ne vend pas cela en option, c'est le développement.

Tu parlais de quatre principes pour résumer toutes les actions pour aider à pratiquer un design plus adapté au futur incertain qui se prépare, je cite : prospérité, résilience, dignité et circularité. Est-ce que tu peux nous en dire plus ?

Ce ne sont pas des principes empiriques. C'est ce que j'ai un petit peu sorti de tout de mon grand plongeon dans la collapsologie, à l'étude de l'effondrement. Je me suis simplement dit quels grands principes on peut filtrer notre pratique et sur quoi on peut s'appuyer pour que ça aille un petit peu mieux. Donc moi je les applique tous les tous les jours. J'essaye en tout cas un maximum.

Donc la prospérité c'est le refus du dogme de la croissance exponentielle c'est se dire peut-être qu'on n'a pas besoin d'autant qu'on pense. Peut-être qu'on peut juste rester un peu plus stable. Il faut définir le juste besoin. Je ne cherche pas à m'enrichir à tout prix. Je prends juste ce dont j'ai besoin. J'étudie mon besoin et je consomme uniquement ce dont j'ai besoin. Donc ça peut être une bonne piste pour la sobriété électronique et énergétique. Le serveur si on le dimensionne comme ça, on aura juste besoin de cette énergie là. Donc c'est pas nécessaire d'avoir un datacenter surdimensionné.

Après il y a la résilience. La résilience c'est la capacité d'un système à se remettre des chocs. Dans notre conception il faut qu'on pense à qu'est ce qui va se passer si on a des problèmes de serveur. Qu'est ce qui va se passer si effectivement l'électricité coupe de temps à autre. C'est voir les externalités c'est-à-dire tout ce qu'on conçoit malgré nous et qui va potentiellement se retourner contre nous une fois qu'il y a un problème. Ce sont les conséquences, enfin j'ai pas forcément en tête et pas forcément le temps de développer mais la résilience c'est concevoir un système pour qu'il se remette mieux des chocs. C'est pareil en conception et en développement ça s'applique de milliards de manière différente.

Après il y a la dignité. La dignité c'est la dignité des choses et des êtres humains. Dans ce qu'on fait, comment on développe et comment on envisage le système, il faut s'efforcer de conserver la dignité de chacun, chacune ça veut dire ne pas faire travailler des gens qui sont très mal payés voir esclavagisés. Faire attention que quand on développe, quand on crée des choses pour qu'elles soient utilisés par des personnes, on les respecte elle aussi dans toute leur diversité. Faire attention au racisme, au sexisme, au classisme. Faut en être conscient. Nous on conçoit des choses parce qu'on est vraiment privilégié de pouvoir accéder à des postes de développement. Il y a beaucoup de gens qui ne sont pas comme nous, qui ont une expérience différente de la vie et qui vont devoir quand même faire avec nos systèmes.

Et puis enfin la circularité c'est le principe de se dire la terre elle est limitée. Il y a une partie des ressources qui n'est pas renouvelable. Eh bien on recycle. On pense, on réfléchit. Le matériel électronique qu'on va utiliser commenton va le réutiliser, comment on peut le recycler, comment est-ce qu'on peut intégrer une partie de ce qu'on a fait dans un système circulaire qui va revenir à zéro c'est à dire qu'on réutilise à l'infini.

C'est les quatre principes là j'ai un peu développée pour le développement, le code de manière très maladroite. Mais si vous voulez en parler ou si des auditeurs ou auditrices veulent en parler un peu plus... Moi je les ai vachement appliqué dans le design mais si vous voulez vous emparé du sujet, pour en discuter on peut le faire ensemble ça me plairait beaucoup.

Écoute, rendez vous est pris !

Tu disais "le changement est une opportunité pour faire différemment". Comment pourrait faire différemment ?

Ouh là ! Déjà avec de la volonté. Je pense que la première chose à faire c'est de clarifier. D'être au clair avec nos intentions. C'est-à-dire qu'elle est votre intention individuel, quel et ton intention toi Richard. Quelle est la mienne Marie-Cécile. Qu'est ce que j'ai envie d'apporter, comment j'ai envie d'être au monde. Si j'ai vraiment envie d'implémenter la sobriété numérique et de design dans ma pratique du coup ça veut dire qu'il faut que je change ma manière de faire. Je pense que comme l'opportunité du changement... le changement c'est ni bon ni mauvais. C'est juste le changement, voilà, c'est comme ça. Bon il fera plus chaud l'été, ok. Bon, il y aura plus de perturbations météorologiques, ok Bon il y aura moins d'animaux, ok. Et bien comment on fait à partir de là ? C'est l'opportunité de se dire peut-être qu'on était allé un petit peu loin dans la consommation de ressources dans notre monde capitaliste forcené. Peut-être que nous on est les agents du changement et qu'on peut se dire si au quotidien on commence à changer des choses, pourquoi pas ?

Par exemple j'essaye - c'est très dur - d'abandonner mon smartphone parce que je me rends compte qu'il me pourrit la vie mais littéralement. Il y a trop de notifications, trop de contenus. J'ai une espèce de peur de manquer quelque chose, de faux maux. Ça a vraiment affecté ma capacité à me concentrer. Du coup je suis allé dans ma chambre de gamine et j'ai ressorti un Nokia, un vieux Nokia que j'avais. Vous save, un vieux Nokia avec un tout petit écran et un tout petit clavier et je vais essayer de faire. J'ai un Macbook que j'ai acheté il y a trois ans maintenant. Je vais essayer de le faire tenir pendant pendant dix ou quinze ans. Ça veut dire que je ne pourrais pas utiliser les derniers logiciels à la mode mais peut-être que je peux rester comme ça et je peux concevoir des choses qui tourne encore sur un vieux Macbook de 2015 alors qu'on sera en 2025, je ne sais pas.

C'est l'intention encore une fois. Vers quel monde vous avez envie d'aller, vers quel monde on a envie d'habiter et comment on peut faire pour habiter ce monde là et pas un monde à la Paco Rabanne, voilà.

Je ne pensais pas finir sur Paco Rabanne ! Merci en tout cas Marie-Cécile. Merci d'avoir partager ton expérience et tes idées, très enrichissantes.

Merci à toi. Je suis disponible en ligne, je mène une permanence. si vous voulez qu'on discute. Si les auditeurs et auditrices qui ont envie de discuter je suis disponible quelques heures par mois. On peut prendre rendez vous sur mon site pour discuter design, technologie ou tout ça, voilà.

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