Coder, designer pour quel futur ?

Épisode 4 publié le 16/01/2019

Richard Hanna

Richard Hanna

Le 15 janvier 2019, au meetup HumanTalks Paris - humantalks.com, j'ai présenté ce sujet et parler du podcast.

Écouter

En écoutant cet épisode, vous téléchargerez 12 Mo de données.

Évènement à ne pas manquer

La réalité minière du numérique, Rencontre avec Celia Izoard le 4 mai 2024 à Paris, organisée par Point de MIR et animée par Techologie. Infos et inscription

Transcript

Si on ramène l’histoire de la Terre à une horloge de 24 heures, le 1er hominidé est apparu il y a seulement 4
secondes.
Grâce aux progrès notamment de la science, de l’agriculture et de la médecine et grâce à de l’énergie fossile
pas cher comme le pétrole et le charbon, en 200 ans, la population humaine a connu une croissance exponentielle,
passant d’1 à 7 milliards.
Depuis la seconde guerre mondiale, la croissance mondiale est très forte. Il règne l’abondance.

À force de tirer sur la corde, la corde se casse. Tout cela risque de s’effondrer.

Il y a le pétrole, notre principale source d’énergie.
C'est une ressource non renouvelable.
Aujourd’hui la consommation dépasse les quantités découvertes.
Et le pic est attendu pour 2040.
En france notre principale source d’énergie est le nucléaire.

La biodiversité est également menacée.
En 40 ans, 60% de l’effectif animal a disparu (ou ne s’est pas renouvelé).
Le président du Muséum national d'Histoire naturelle dit qu'on est en plein dans la sixième extinction de masse
et celle-ci est 800 fois plus rapide que tout ce qui a été connu.

Dès 1972, des scientifiques du MIT alertent un rapport, connu aussi sous le nom de « Rapport Meadows » ou
« Rapport du Club de Rome » qu'ils intitulent “Les limites à la croissance dans un monde fini”.
Ils alertent sur les conséquences de la croissance avec des ressources finies sur l'environnement.

Les citoyens se mobilisent. Peut-être avez-vous signer L'affaire du
siècle
, cette pétition contre l’inaction de l’état.

À la Cop 24, cette supercherie où les dirigeants se congratulent en se contentant de peu et que rien n'avance,
cette jeune suédoise de 15 ans a... foutu le bordel. Elle a mis la pression : “Vous dites que vous aimez vos
enfants par-dessus tout, mais vous leur volez leur avenir devant leurs yeux”.

Et puis on n'est pas aidé par nos dirigeants. Trump par exemple est un climato-sceptique assumé : "My natural
instinct for science tells me climate science is wrong" ("mon instinct naturel pour la science me dit que la
science du climat est fausse”).

Notre champion de la Terre, Macron n’est pas en reste. Il se pose encore la question d’accorder le droit à une
entreprise minière russe de saccager la forêt amazonienne en Guyane pour extraire de l’or. C’était donc ça la
poudre de perlimpinpin ?

Le numérique : quels impacts ?

La part de la consommation d’énergie liée à l’activité du numérique ne cesse de s’accroitre.
Elle dépasse même celle de l’activité aérienne.
Si l’économie du numérique était un pays, il serait le 3ème des plus gros consommateurs en énergies après la
Chine et les États-Unis.
Depuis 2013, la part est passée de 2,5 % à 3,7 % du total des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

Un autre problème c'est la fin du stock en matières qui permettent de produire des téléphones et des
ordinateurs.
Par exemple, l’indium est le composant principal de nos écrans tactiles.
Les difficultés d’approvisionnement de l’indium arrivera sans doute dès les années 2030.
Le recyclage des composants n’est pas fou. Les composants sont complexes et extraire. Trier les matières
consommerait trop d’énergie.

En septembre dernier, un article a fait le buzz : "Software
disenchantment
" (le désenchantement
du logiciel
) qui pointe le complexité et la lourdeur de nos applications. Alors que Windows 95 ne pesait que
30 Mo et permettait de faire tourner un ordinateur. Aujourd'hui, en 30 Mo, on peine à faire un site web.

Par exemple, la page d'accueil d'Airbnb fait 170 requêtes et charge une
image de 3 Mo
, tout ça pour un formulaire de 4 champs.
Comment 900 développeurs de Airbnb, très bien payés ont pu pondre ça ?

Peut-on agir ?

Manger bio et moins de viande, ne plus prendre l’avion, etc, c'est bien.
Mais nous développeurs et designers, nous avons un pouvoir extraordinaire : nous concevons des applications qui
vont être utilisées par des centaines, des milliers voire des millions d’utilisateurs. C’est là qu’on peut agir.

Un Think tank français, le Shift Project a sorti en octobre dernier un
rapport qui prône la
sobriété numérique
.
Selon le Shift Project, il s’agit de réduire l’empreinte énergétique et environnementale du numérique.
Et d’adopter la sobriété numérique comme principe d’action.

Aujourd'hui on estime les fonctionnalités d'une application en terme de complexité lors d'un poker planning.
Pourquoi ne pas ajouter l'impact sur la consommation d’énergie comme critère d'estimation ?

Quelques actions à mettre en place :

En terme de méthodologie,

Augmenter les performances, faire des applications simples permettront une réduction de consommation
d’énergie. Et vous aurez des utilisateurs heureux.
De plus, on est tous en quête de sens. Si vous ajoutez la réduction de l'impact de l'activité de votre
entreprise sur la consommation d'énergie dans les valeurs de votre entreprise, vous répondrez peut-être à cette
quête de sens.

Le site Low Tech Magazine a appliqué la sobriété numérique à une des versions de son site.
Cette version est hébergée sur un serveur à Barcelone qui ne fonctionne qu’à l’énergie solaire.
Une barre de progression sur le site indique l’énergie restante avant extinction.
Le site peut ne plus être disponible notamment la nuit.

Agir, coder, designer pour s’adapter au monde de demain

Il ne s’agit plus de sauver la planète mais de sauver l’être humain et plus globalement sauver la vie sur Terre.
On peut agir pour commencer à s’adapter au monde de demain.

J'ai lancé le podcast Techologie en décembre 2018 pour continuer cette discussion.