Partir en famille à vélo sans date de retour
Épisode 94 publié le 05/02/2025
Estelle, Marc, Léon et Lucie Loyat
La famille Loyat s'est lancé dans une aventure un peu folle : partir en famille à vélo dans toute l'europe, sans itinéraire prédéfinie et sans date de retour.
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Sommaire
- Leurs engagements locaux
- La cantate du numérique
- Voyage ou mode de vie ?
- Pourquoi ce voyage à vélo
- Comment se prépare un voyage à vélo
- Quels sont vos plus gros souvenirs durant cette 1ère année de voyage
- Comment s'organise une journée en famille en itinérance, le tracé, les repas, les rencontres...
- L'outil de navigation "magique" non numériques d'Estelle
- Leur relation au numérique en itinérance
- Leur regard sur le monde a t-il changé ?
- Qu'est-ce qui est prévu pour la suite du voyage ?
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Transcription
Extrait
Introduction
Richard :
Bonjour à tous, on accueille une famille pour une fois, bon vous me direz on accueille souvent des personnes de la grande famille de Techologie mais aujourd'hui c'est une vraie vraie famille, c'est Estelle, Marc Loyat et leurs enfants, Léon et Lucie. Pourquoi je vous ai invité ? Parce que déjà, Marc, je te connais bien. Estelle, je ne te connais pas encore, mais au plaisir. Je vous suis depuis mars ou avril, depuis que vous avez cette idée folle, c'est de partir sur les routes, à vélo dans toute l'Europe et sans date de retour.
Marc :
Oui tout à fait et c'était fin mars, le 19 mars précisément. On est parti sur les routes d'Europe et les enfants ils considèrent que que l'Europe ça va jusqu'au japon mais bon pour l'instant Europe c'est pas mal.
Richard :
Juste pour vous présenter un peu, Marc, tu es développeur, consultant numérique responsable et accessibilité numérique, auteur de La Cantate du numérique, qu'on a déjà diffusé, en tout cas un petit extrait. Également, tu as pas mal d'engagement écologique au niveau local. Estelle, je ne te connais pas, je ne sais pas ce que tu fais, je te laisse te présenter.
Estelle :
Moi, je suis aromathérapeute holistique. Je me suis formée à l'aromathérapie avec une française qui a appris à Hong Kong et qui vit aux États-Unis. Et je pratique du soin énergétique où je me suis formée avec cette même personne au base de méthodes de soins. Je pratique de l'accompagnement énergétique pour faire large avec les huiles essentielles en plus comme outil de soins.
J'en parlais, vous avez des engagements au niveau local, c'est où exactement que vous habitez ? C'est en Bourgogne je crois ?
Marc :
Oui, on est dans le Beaujolais, c'est 35 km au nord de Lyon, on est pas loin de Villefranche-sur-Saône, c'est une maison de famille qu'on a récupéré et retapé laborieusement depuis un bout de temps maintenant. Et moi j'ai coutume de dire que je suis écolo par alliance et voilà c'est surtout Estelle qui est le cerveau de la famille (et Léon c'est la main droite) et on a pas mal d'engagement locaux autour de la biodiversité, essayer de faire travailler les gens ensemble, les différentes personnes ensemble plutôt que de se tourner le dos et de s'insulter. Et voilà, plein de petites choses par ci par là.
Je crois que vous avez aussi eu des engagements anti numérique à tout va, contre des antennes 5G ?
Marc :
Oui, en effet, on s'est retrouvé dans une folle aventure où Bouygues Telecom est arrivé pour nous dire qu'ils allaient mettre une troisième antenne sur notre commune de 1000 habitants et que nous, on trouvait ça pas forcément très pertinent. On voyait pas trop l'intérêt parce que le réseau, spécialement pour cet opérateur, était vraiment excellent déjà, donc on s'est dit que c'était pas la peine d'en rajouter une. Donc pas tellement anti numérique mais plus anti trop de numérique, vu qu'il est non nécessaire. Et donc on a participé à un collectif et il y a eu un procès qui a été gagné par le collectif, par les personnes qui se sont présentées contre pour l'instant. On n'en parle pas trop parce que c'est toujours un peu délicat de savoir comment ça va se terminer avec les appels, etc. Mais jusqu'à maintenant, il n'y a toujours pas d'antenne chez nous, pas de nouvelle antenne.
Du coup, tu peux nous en parler un peu plus, la cantate du numérique, pourquoi l'avoir lancé, de quoi ça parle ?
Marc :
Oui, ça c'est quelque chose vraiment où au départ c'était une blague où je me suis dit, comme je suis animateur de la fresque du numérique, je fais de la sensibilisation, de la formation, etc. Je me suis dit, tous les moyens sont bons pour sensibiliser. Et un peu pour la blague, je me suis dit, pourquoi pas faire un morceau de chorale ? Parce que je suis chanteur, je suis chef de chœur, amateur, et je suis musicien amateur. Et je me suis dit, tiens, pourquoi pas faire une cantate du numérique ? Et j'ai commencé à l'écrire pour de rire, et je me suis pris au jeu et je me suis éclaté à écrire ça. J'ai vraiment beaucoup rigolé et j'étais à fond dedans.
Et quand on écrit un morceau pour choeur, c'est compliqué parce que tu ne sais jamais, tant que tu ne l'as pas créé, tu ne sais pas comment ça sonne. Par contre, il faut trouver des chanteurs et ça ne court pas forcément les rues, surtout des chanteurs pour chanter un morceau qui n'est pas évident à chanter donc j'ai fini par trouver, j'ai appelé ma sœur qui chante super bien qui a bossé le morceau, qui a trouvé deux autres chanteurs et sa fille nous a enregistrés et du coup on a pu faire en un week-end la création du morceau de la maquette avec des copains qui nous ont prêté un studio d'enregistrement pro de dingue et voilà en un week-end on a réussi à enregistrer ce morceau.
Et ce morceau, il parle de choses très sérieuses qui sont les impacts environnementaux et un tout petit peu sociaux du numérique. Mais voilà, de façon un peu décalée, un peu humoristique parfois, mais c'est vraiment sérieusement, c'est vraiment des choses sérieuses et c'est vraiment les choses que je dis dans les formations aussi que je donne.
Venons-en au voyage à vélo. Alors déjà, est-ce que c'est un voyage ? Parce que vous êtes parti sans date de retour. Est-ce que c'est un voyage ou c'est un mode de vie ?
Marc :
C'est une bonne question. Pour l'instant, c'est un voyage. Nous, on a une maison, on a une adresse. On a toujours notre vie qui est en France et pour l'instant, c'est un voyage. On a des copains qui sont devenus nomades à vélo. Eux ils ont une adresse mais ils y habitent jamais. Nous il n'y a pas de date de retour mais on a toujours cette maison qui est là et à laquelle on tient fortement et qui a un potentiel très fort d'accueil, de rayonnement. Il y a plein de possibilités dans cette maison et on a vraiment toujours cette envie d'en faire quelque chose d'ouvert et qui va nous permettre de partager un peu tout ce que nous on explore. Mais c'est vrai que c'est quand même assez cool de voyager et d'être à vélo, d'être sur les routes. Donc c'est un voyage.
Pourquoi cette idée qui paraît un peu folle pour des gens normaux qui habitent une maison justement, de partir comme ça avec un itinéraire pas forcément défini d'ailleurs ? Pourquoi se dire allez on part et on sait pas par où passer et quand on revient ?
Estelle :
Ça faisait un moment qu'on partait l'été, qu'on partait une quinzaine de jours chaque été depuis je sais pas trop quatre ans. Et il y a du coup deux ans ou deux ans, peut-être trois, quand on est rentré, c'était vraiment difficile pour moi de rentrer. Je n'arrivais pas à reprendre le quotidien. Et j'ai dit à Marc, en fait, ça fait longtemps que moi j'ai envie de partir sur les routes de France à vélo sur une longue période. Et là, j'arrivais tellement pas à rentrer que j'avais le sentiment qu'il se passait autre chose et que ça passait plus de l'idée de fantasme un peu de partir à celle de projet qui peut se mettre en route.
Marc a été partant tout de suite, du coup on a commencé à réfléchir à ce projet. On a mis un an à le préparer, pour penser au matériel, pour penser à comment on le ressent ce voyage justement. Est-ce qu'il y a un tracé, un itinéraire ? Est-ce qu'on a des envies particulières ou pas ? Et ça nous a paru assez vite évident, me semble-t-il, de partir sans itinéraire pour laisser les rencontres nous diriger. Pour rester dans une ouverture aussi qui fait que ce qui nous frustrait jusqu'à maintenant quand on partait quinze jours c'est qu'il y avait une date de fin, c'est qu'il y avait un itinéraire qui était défini donc comme il y avait des dates, un itinéraire, on ne pouvait pas bifurquer, se dire tiens il y a une chose qu'on n'avait pas prévu ou quelqu'un qui nous indique quelque chose et on prend la tangente et on y va. Et on n'avait pas envie de se retrouver face à cette frustration pendant le voyage.
Et on s'est rendu compte aussi les années d'avant que le fait d'être tout le temps dehors fait qu'on rencontre beaucoup plus les gens, c'est beaucoup plus facile. Et ces rencontres-là, elles nous font découvrir des coins qui ne sont pas forcément écrits dans les guides touristiques, mais qui les valent souvent largement.
L'idée de partir sans itinéraire sans forcément non plus que la météo nous dirige sur les coins qu'on traverse c'était pour s'offrir cette vraie liberté de se laisser guider en fait par les rencontres et par les aspirations du moment dans les découvertes. Ce qui fait qu'on change souvent d'itinéraire. On se dit tiens on va là et puis d'un coup on dit ben non en fait on va aller là. Parfois c'est assez déroutant même pour nous.
Actuellement vous êtes encore dans le voyage. Là pour cette interview, vous êtes où exactement ?
Alors on est en Bulgarie, à côté de Varna, au bord de la mer Noire. On est dans une ferme d'autruches et d'émeux. Et on est hébergé gracieusement contre quelques heures de travail par jour pour s'occuper des animaux.
Et c'est notre pause hivernale, c'est-à-dire que comme notre voyage, on le fait avec notre tente et avec nos moyens, on est vraiment en autonomie, donc on va dormir en tente, on se fait à manger, etc. Au bout de 9 mois, on commençait à sentir un petit peu la fatigue, et puis avec le froid, c'est d'autant plus difficile, les journées sont beaucoup plus courtes, il y a beaucoup de choses à faire quand on voyage, surtout avec des enfants.
Il y avait besoin de se poser, de faire une vraie pause pendant quelques temps. On a trouvé ce lieu. Alors on pensait être en Roumanie. On s'était dit on serait en Roumanie pour faire cette pause. Et puis on a cherché. Et puis on a trouvé en Bulgarie. Donc on a dû reprendre nos vélos en plein hiver après Noël. Mais il faisait super beau du coup. On a eu un moment de la chance.
Et on se retrouve en Bulgarie. C'est vraiment un coin qui est super chouette et qui nous convient complètement. C'est un mode très agréable. On est dans une grande ferme. Les enfants peuvent aller se balader avec les chiens en toute liberté. Et nous, on est vraiment bien.
Vous racontez votre voyage dans un blog qui s'appelle l'Autre chamt des possibles, d'ailleurs que vous écrivez à quatre fois deux mains, puisque de temps en temps on voit des écrits de Léon et Lucie, vos enfants. Justement les enfants, racontez-nous un peu votre voyage. Qu'est-ce que vous avez envie de partager aux auditeurs du podcast ?
Léon :
J'avais vraiment envie de quitter l'école et parce que j'avais pas trop envie d'aller au collège mais je pensais à tous les devoirs que j'aurais à faire en revenant, j'étais plutôt partant et j'ai dit à maman oui oui je fais rien à mes temps de devoirs puisque je suis à l'école. Bon au début ça n'a pas trop marché parce qu'on faisait que 10, 15 minutes d'études. Et puis c'était pas toujours une partie de plaisir. Maintenant, je suis plus partant. Parce que j'ai découvert un mode de travail qui me plaisait plus. Surtout quand t'es assis dans un canapé bien moelleux, c'est un peu plus agréable que sur un matelas tout dur, que sur une chaise d'école
Parce que tu es en sixième, c'est ça ? O
Oui, fin de sixième
## Vous faites l'école à vélo en quelque sorte ou l'école en itinérance. Comment ça se passe ? Sur quelle base vous travaillez ?
Léon :
Maths, Français, la base. Et un peu d'écrit. Moi je commence à apprendre des nouveaux temps.
Marc :
On suit les programmes scolaires. Math français, c'est ce que nous demande le ministère de l'éducation nationale. Et le reste, c'est la culture générale qu'on croise. On va dans les musées, on apprend des choses un peu... sur le tas. Et puis là, il y a la grand-mère qui nous a envoyé des bouquins en français, donc les enfants sont refaits, ils sont super contents, ils peuvent lire. Elle nous a envoyé une bibliothèque. Donc ça c'est un peu la fête.
Oui parce que j'imagine les médiathèques sur votre route en bulgare et en roumain, c'est pas très pratique.
Tant qu'on ne maîtrise pas vraiment l'anglais, c'est compliqué. Mais les enfants travaillent les langues quand même, ça ne fait pas forcément partie de la programmation scolaire, mais ça fait quand même partie de l'apprentissage. Dans chaque pays traversé, ils se sont vraiment emparés des langues sur les mots simples : "bonjour, au revoir, merci, j'aimerais...". Donc ça c'est un apprentissage, je trouve, d'une richesse incroyable pour après, c'est-à-dire qu'ils auront une oreille.
Lucie me reprenait l'autre fois, je ne sais plus dans quel pays, parce que ma prononciation n'était pas tout à fait comme là-bas. Léon développe quand même de plus en plus son anglais, et c'est un plaisir de voir que dans tous les pays qu'on traverse, en fait, ils sont à l'aise pour aller à Lucie de plus en plus, et Léon est bien à l'aise maintenant pour aller demander des choses. Ils sont allés faire les courses tout seuls en bas du village aujourd'hui, ils sont partis. On a eu des "fingers" en revenant !
Et après, tout ce qui est histoire géo, on le travaille vraiment dans les pays qu'on traverse en s'intéressant un peu à l'histoire, en travaillant sur la géographie des lieux qu'on a traversés. On a un partenaire pour tout ce qui est scolaire qui nous aide avec des contenus, qui est Le Monde de Mei et Noé, qui font des contenus pour toutes les familles qui sont en école à la maison, en IEF (Instruction En Famille).
On travaille avec des dossiers thématiques qui sont transversaux. Par exemple, là, on a démarré un dossier sur la Grèce antique ou sur la forêt, puis avec plein de petites choses transversales qu'on fait vraiment de temps en temps parce qu'il faut que ce soit investi pour que ce soit efficace.
Et tous les jours, maintenant qu'on est posé, on a vraiment repris effectivement des choses de maths et de français pour que les bases soient acquises et solides. Il y a des choses qui ne rentraient pas dans les caboches depuis des années et en quelques mois de voyage c'est ok. En fait, c'est assez effrayant de se dire, attends, on se passe d'enseignant. Est-ce qu'on va réussir, nous ? Enfin, c'est un peu stressant, quoi.
Transmettre ?
On sait qu'on est capable, on sait que ça risque de bien se passer mais c'est quand même un peu stressant de se dire on sort du système scolaire.
Et on se rend compte qu'un petit peu chaque jour, Léon enfin a réussi à se souvenir des conjugaisons, enfin a réussi à se souvenir de ceci, cela. Et donc en travaillant un petit peu chaque jour, de manière très pointue, ça vient activer d'autres choses.
Léon a beaucoup besoin de bouger. Le vélo répond aussi à cette énergie débordante. D'être tout le temps dehors, les enfants courent tout le temps dehors, ils sont tout le temps en mouvement, etc. Ça permet aussi de défouler toute cette surénergie et ça fait un bon ménage. C'est pas mal.
Et toi, Lucie, on ne t'a pas encore entendu. Est-ce que tu pédales un petit peu avec papa ? Pourquoi je dis papa parce que je crois qu'elle est rattaché à ton vélo, c'est ça ? Qu'est-ce que tu aimes le plus dans ce voyage ? Est-ce que tu rencontres beaucoup d'animaux, beaucoup de gens, beaucoup d'enfants ?
Avec papa, oui, je pédale tous les jours. Eh oui.
Apparemment tu aimes bien te baigner, d'après ce que j'ai vu dans le blog. C'est des rivières ? C'est des lacs ?
C'est soit des rivières, soit des lacs, soit des piscines, soit la mer, soit des eaux thermales.
Et ça représente combien de kilomètres par jour en moyenne ?
C'est très variable. C'est entre 2 et 65. C'est ça, on a fait 63 kilomètres. Ça a été assez impressionnant. En moyenne, on est sur une trentaine de kilomètres par jour et on ne s'interdit pas de faire très peu de kilomètres quand on est crevé. Quand on a envie de rester dans un coin, aujourd'hui on s'arrête à 14 heures et puis c'est bon.
Et d'autres jours il faut qu'on avance, ou alors en fait on a la pêche, on y va quoi. Ou alors parfois on a aussi une destination, un point qu'on a envie d'atteindre et ça nous motive.
Et le temps aussi peut jouer. Quand il fait très chaud, c'est très compliqué de pédaler. Quand il pleut, c'est plus compliqué aussi. Quand les journées ne durent pas longtemps, il n'y a pas beaucoup de temps pour pédaler. Donc ça vient modifier le rythme. Mais on s'est retrouvé là à faire des 50 km en hiver, en janvier. Il faut les envoyer. Le vélo d'Estelle tire une centaine de kilos, vélo compris, mais il y a beaucoup de matériel. Léon à mon avis il doit être entre 40 et 50 kilos.
Il n'y a pas d'assistance électrique, je crois ?
Non, on a pris des vélos très simples, des vieux vélos, ...
Réparable ?
Faciles à réparer, faciles à trouver des pièces détachées, etc. Mais ils sont lourds avec des développements pourris !
Et là, c'est la nouveauté. Depuis hier, Estelle a un nouveau vélo parce qu'on a eu un souci technique sur la direction. C'est-à-dire que comme ils ne sont pas prévus pour voyager et qu'il y a énormément de poids, il y a des jeux qui se créent, etc. Et là, on est arrivé au-delà de la limite de la sécurité, c'est-à-dire qu'elle a perdu la direction sur la route.
Ah oui, rien de mal ?
Non, aucun mal non heureusement parce que c'était une route hyper passante à la sortie d'un virage. C'était dans un faux plat légèrement montant, je n'allais pas trop vite. Mais bon, c'était vraiment flippant.
Et Léon a changé de vélo parce qu'il avait un vélo d'entrée ou moyen de gamme. Mais voilà, après 5400 kilomètres en autonomie, il pédale tout seul avec du chargement, quoi. Donc, en fait, voilà, il mérite facilement un vélo d'un peu meilleure qualité. En tout cas quelque chose où il galère pas pour passer les vitesses et qui freine bien quoi.
Du coup, là, vous vous êtes posés. Quels sont vos plus gros souvenirs durant cette première année de voyage ?
Léon :
Dans les montées, les vitesses qui sautent... Du coup, des fois, je balançais mon vélo dans le fossé parce que j'étais légèrement vénère.
Des gros souvenirs de baignades par exemple, de plongeons...
Dans une tour de 10 mètres la première fois où j'ai vraiment plongé, c'était Slovenie. On avait eu du bol parce qu'on venait de placer la frontière d'Autriche et on avait vu une tour de 10 mètres un peu avant et en fait vu qu'on était arrivés tard, c'était 5 minutes avant la fermeture, on est rentré gratos, on n'a que pu sauter de 3 mètres, donc voilà. Et moi j'avais trop envie de sauter de 10 mètres, du coup on a eu vraiment de la chance parce que c'était la seule piscine de Slovénie avec une tour de 10 mètres.
Une tour avec un plongeoir, je précise.
Marc :
Léon ça faisait des mois et des mois ou des semaines au moins qu'il nous disait : j'ai vraiment envie de sauter de très haut... Et on avait trouvé ce lac... À 3 euros par personne. Ce lac en Autriche où il y avait la possibilité de sauter mais on n'avait pas pu y aller. Et là on se retrouve à dormir dans un jardin juste à côté de la seule piscine de Slovénie qui a une tour de plongeon. Donc on a passé la journée à la piscine le lendemain.
Et toi, Lucie, il y a un souvenir ?
Lucie :
Pour moi, les Dolomites. C'est dans le nord de l'Italie. J'ai décidé de me mettre en maillot de bain et de sauter dans le lac et quand j'ai rentré mes pieds, ils étaient gelés.
C'était durant quel mois de l'année ?
Marc :
C'était en juillet / août, mais c'est de la haute montagne. Il faisait vraiment froid.
La baignade a duré quelques secondes. Et vous les parents, quel est votre plus gros souvenir ? Les Dolomites aussi ?
Marc :
Les plus gros souvenirs, c'est difficile. Les Dolomites étaient magnifiques. En termes de paysage, on en a bien pris plein la vue. Mais moi, le souvenir le plus fort, c'est les rencontres. Chaque rencontre est un point d'ancrage hyper important pour marquer le voyage, le territoire autour de cette rencontre-là. Ça me laisse des souvenirs à chaque fois hyper forts.
J'envoie des nouvelles de temps en temps aux personnes rencontrées. Hier soir, j'ai eu au téléphone une Slovène, Mathia, qui nous a fait un petit coucou, donc je l'ai appelé et c'était vachement sympa. On garde des contacts avec les gens qu'on a rencontrés et ça vraiment, moi, c'est quelque chose qui me touche énormément. Les gens qu'on rencontre et avec qui on crée un lien très rapidement.
Estelle :
C'est vrai que c'est ce qui va laisser le souvenir des lieux et des territoires traversés, beaucoup les rencontres. C'est ce qui ancre vraiment les territoires, je trouve, dans les souvenirs. Après, moi, c'est pareil, dans les Dolomites, c'était vraiment incroyable, mais j'ai pas vraiment de souvenirs précis. Mais ce qui me reste comme chose marquante, c'est la sensation d'être dehors tout le temps, c'est ce contact avec les éléments tout le temps, que ce soit la pluie, le vent, le soleil, le fait de pouvoir traverser tout ça et d'être tout le temps à l'extérieur, c'est quelque chose que je trouve très nourrissant en fait. Je trouve que ça renforce aussi la confiance en nos capacités à traverser les choses.
C'est comme gravir des cols. On est monté à 1900 mètres, on a mis trois jours. C'était vraiment un gros challenge pour nous quatre. Mais on est arrivé au bout, on est allé faire une randonnée, on a touché les neiges qui étaient encore accessibles. Je trouve que c'est des souvenirs physiquement qui marquent mais qui laissent une trace vachement nourrissante sur nos capacités, sur la capacité qu'on a à se dépenser, sur la capacité qu'on a aussi à faire corps avec les éléments plutôt qu'à lutter contre et trouver comment avancer. Moi c'est ça qui me marque le plus en fait.
C'est le contact avec les éléments, c'est aussi le froid, la pluie, comment on gère ça en famille ?
Estelle :
Alors, le plus difficile, c'est la pluie. Bien plus que le froid. La pluie c'est vraiment difficile. Alors Léon n'est pas d'accord avec moi.
Léon :
Le brouillard quand tu dois te lever à la fraîche, quand tu dois partir d'une campagne fermée mais que des gens t'ont dit que c'était ouvert, c'est le froid.
Estelle :
Alors Léon a un très mauvais souvenir, c'est qu'on parlait de bons souvenirs mais j'ai l'impression qu'il a un très mauvais souvenir. Quand on a quitté la Hongrie, il faisait froid et il y avait du brouillard givrant. C'était affreux !
Et on ne savait pas où on dormait le soir, je pense tout ça à rajouter au fait que c'était stressant de se retrouver sur une route passante, on ne voyait pas un mètre, et c'est vrai qu'il faisait très froid. Mais bon là c'était un froid extrême. Mais sinon la pluie c'est le plus difficile à gérer parce qu'une fois que tu es mouillé, s'il pleut deux ou trois jours de suite, c'est compliqué. On a vraiment eu de la chance jusqu'à maintenant parce qu'on a connu ça au début du voyage.
Quand on était en France, en fait, quand on se dirigeait vers la Camargue, là on a eu vraiment des jours de pluie et des jours de moustiques infernaux qui te sautent dessus. On ouvrait la tente, il y avait déjà 15 moustiques qui étaient sur la moustiquaire. Tu n'avais pas le temps de sortir, que tu étais piqué. C'était vraiment difficile.
Mais les souvenirs difficiles c'est jamais ce qui reste, c'est jamais ce qui te marque négativement. Alors bon, je sais pas, j'ai peut-être un doute avec la réaction de Léon. Après le froid, on le gère parce qu'on s'arrête. On va rouler un peu puis on va s'arrêter dans un endroit pour se mettre à l'abri ou s'arrêter s'il y a un café sur la route pour faire une pause chaude avant de repartir.
Le plus dur quand il fait froid, c'est quand l'hiver arrive, que les jours sont plus courts, ce que disait Marc tout à l'heure, c'est pas de dormir dehors, parce qu'on a quand même du bon matériel, jusqu'à moins quatre on est plutôt confortable, c'est d'être dans le froid tout le temps. C'est-à-dire du matin jusqu'à toute la nuit, et ça c'est fatigant, et au bout d'un moment, il y a vraiment besoin d'une pause.
Là on est dans une caravane pas chauffée, avec une porte qui ferme pas, on n'est pas non plus dans un confort de mais au moins, il y a une pièce chaude et le lieu est super agréable. Mais c'est sûr que les contraintes d'avoir des enfants, tu ne vis pas les choses de la même manière. C'est à dire que, évidemment, tu ne vas pas dire on va sauter un repas pour aller plus loin. Si tu ne veux pas te faire dévorer le bras par tes enfants, il faut en effet s'arrêter pour manger. Et ça, c'est une obligation. De même que le soir, tu ne dis pas, on va continuer de pédaler de nuit pour aller un peu plus loin. Ce n'est pas grave, on trouvera un endroit à l'arrache. On ne peut pas faire ça. Donc, le fait d'avoir le temps de faire les choses, de prendre le temps de faire les choses et se dire, on ne va pas s'arrêter.
Enfin, on ne va pas forcer, on prend le temps, on ira moins vite, ce n'est pas grave. Par contre, ça, c'est important, ça, c'est essentiel. Du coup, ça rythme aussi notre voyage, notre quotidien où on se dit, voilà, on va moins vite. Et en fait, par conséquent, en définitive, on découvre plus de choses. En fait, c'est un rythme qui nous va super bien, nous, d'aller moins vite, tout simplement.
C'est pour ça que je reviens sur la question que tu posais au début, parce que tu as demandé est-ce que c'est un voyage ou pas un voyage ? On n'est pas tout à fait d'accord. Je comprends tout à fait ce que veut dire Marc et je suis d'accord. Mais en même temps, intérieurement, moi, je ne le vis pas du tout comme un voyage non plus. Justement parce qu'il n'y a pas de date, parce qu'on est quand même dans un quotidien familial qui est vraiment un quotidien. Quand tu pars en vacances, quand tu pars en voyage, tu n'as pas forcément ce quotidien là. Là, on a quand même les apprentissages à faire qu'il faut avoir en tête.
D'ailleurs, les enfants nous disaient oui, mais les autres, ils ont des vacances. Nous, on fait des apprentissages un peu tout le temps. Moi, j'ai plus l'impression d'expérimenter un mode de vie, même si de fait, on n'est pas nomades, on a un lieu où on va revenir. Mais j'ai plus l'impression d'expérimenter un autre mode de vie que d'être parti en voyage. Et j'ai clairement pas l'impression de faire du tourisme.
Après, dans les sources de confort de ce que j'ai pu lire sur votre blog, c'est que spontanément les gens vous invitent chez eux sans même que vous les ayez demandé en fait.
Alors ça, ça a été vraiment à son paroxysme en Roumanie. On a découvert des gens avec un cœur énorme et un accueil que j'avais jamais vu avant à ce point-là. Et en Slovénie, on a fait plein de belles rencontres, on a été super bien accueillies aussi.
Et en Roumanie, c'était vraiment différent. Déjà parce qu'il y a beaucoup plus de gens dehors, tu rencontres beaucoup plus les gens dans la rue. En Slovénie c'était facile mais il fallait aller sonner aux portes et puis la rencontre était facile et les gens étaient vraiment super accueillants.
Vous n'avez pas beaucoup passé la nuit en tente, du coup, en Roumanie, c'est ça ?
Marc :
Si parce que parfois c'est souvent : "venez dans mon jardin parce que j'ai pas la place de vous héberger". Mais par contre, "venez manger à la maison". Des gens vont nous apporter énormément à manger. Il y a des gens qui nous ont arrêté sur la route, qui passaient en voiture, ils nous coupaient la route, ils s'arrêtaient quelques mètres plus loin, ils nous donnaient à manger ou des choses. Alors il faut aimer le cochon, surtout là on était arrivé début décembre, c'est le moment où ils tuent le cochon partout. C'est une grande tradition.
On était dans la rue comme ça, dans vraiment un petit village perdu. Et t'as un policier qui arrive et qui nous demande nos papiers, "qu'est-ce que vous faites là", etc. On lui explique. Il part, il revient avec un sac plein de nourriture et dit ma mère qui était en face, ma mère vous donne ça. Et il y avait de la viande de cochon, de la "zakouska", il y avait des clémentines, du pain. Il y avait plein de trucs à manger. Et puis là, t'as d'autres personnes qui arrivent d'à côté et qui t'apportent la part de cochon. Tu te dis, mais qu'est-ce qui se passe ? Non mais ça va, on a à manger. "Non mais prenez, prenez !" On se retrouvait avec trop en fait parce qu'après il faut le trimballer quoi ! Tu peux pas l'offrir à ton tour. Toi tu peux rien offrir ! Ils donnent de l'argent même ! "Prenez ces sous !" Non mais c'est bon on a de l'argent ! "Non mais prenez, prenez !"
Tu dis merci et tu donnes à Techologie
Plusieurs fois on nous a donné des sous. Tu dis, OK, des sous,cOK, merci. Et puis, grâce aux enfants, j'ai appris à accepter les cadeaux parce que les enfants, c'est pas de gènes. Donc, c'est, tenez les enfants, voici 50 leu. Merci. Hop, ils prennent quoi, tu vois. Et quand moi, je dis ouais, mais non, mais pourquoi ?
Pourquoi en fait je refuserais quelqu'un qui m'offre quelque chose. Quand je lui offre quelque chose je l'offre avec mon coeur j'ai aussi envie que l'autre le reçoive donc voilà c'est sympa on apprend.
Mais pourquoi ils vous donnent de l'argent ? Il y a un quiproquo ou c'est culturel ? Il y a un quiproquo, vous n'êtes pas des SDF. Pour les enfants, d'accord.
On s'est posé la question, mais non, manifestement c'est vraiment culturel. C'est beaucoup pour les enfants qui donnent, pour qu'on fasse des extras.
Pour s'acheter des bonbons. Des bonbons aux cochons ?
Ouais, offrez quelque chose à vos enfants, des bonbons de cochon. Non mais c'est vrai que c'est un peu déroutant, mais du coup on en profite, je me souviens en Hongrie, on s'est payé des termes avec l'argent qu'une personne nous a donné. C'était l'argent de Dieu en plus parce que c'est un prêtre qui nous a donné cet argent. Il a dit, "prenez, prenez, c'est l'argent de Dieu".
C'était des chasseurs de champignons. C'est vraiment, c'est vraiment... On leur posait la question, vous savez où est-ce qu'on peut dormir ? Il a dit, oui, au village d'après, vous trouverez un endroit, etc. Et puis on a commencé à discuter, ils nous ont offert un canon, ils nous ont payé un petit coup de Jaeger Meister et après ils nous ont filé de l'argent. C'était assez sympa comme rencontre.
Tu posais la question tout à l'heure sur le pourquoi du voyage, ça c'était aussi une envie dans un monde où là on a tendance à toujours focaliser sur l'autre est potentiellement dangereux, pas sympa. Le monde est dangereux un peu partout. On avait aussi envie d'offrir aux enfants ça. Traverser des mondes, traverser des cultures différentes et se rendre compte que partout, en fait, sur la planète, les gens, ils ont envie de lien, ils sont contents de rencontrer d'autres gens et ça se passe bien, en fait. Et des belles rencontres, on en a fait plein, des gens qui sont venus nous aider parce qu'on se retrouvait trempés de la tête aux pieds.
On s'est retrouvé sous un orage au moment de la tempête. La dépression Boris. On dormait en tente, l'orage a éclaté vraiment à un mètre de la tente, ça faisait vibrer le sol, donc c'était un peu... Une sacrée expérience aussi et les enfants n'ont pas eu trop peur, mais c'était des trombes d'eau à n'en plus finir. On a dû plier la tente, on nous déversait des seaux d'eau, donc on a plus plié trempés.
Et on avait réservé une visite dans le plus grand canyon souterrain d'Europe. Une grotte incroyable. Et donc on a roulé sous la pluie, mais on était trempés. Et on avait rencontré quelqu'un la veille qui était revenu un peu plus tard, pareil, avec des pizzas, de la boisson, des gâteaux pour les enfants. Et on l'a appelé en disant, est-ce que tu connais quelqu'un chez qui on pourrait juste étendre nos affaires ? Parce que là, on est trempés, on est arrivés à la visite, on s'est tous déshabillés sur le parking pour essayer de trouver des choses à peu près sèches pour la visite.
Et en fait, il nous a offert une auberge de jeunesse pour qu'on puisse faire sécher le matériel et tout, par exemple. Il nous a dit, allez à tel endroit, c'est une très bonne copine, c'est moi qui paye. Ok.
On n'a pas parlé encore des outils de navigation notamment l'outil magique d'Estelle. Tu en parles sur le blog, c'est quoi cette histoire ?
Marc :
Moi je suis très ancré dans le numérique. Moi j'utilise un GPS, j'utilise Organic Maps essentiellement. Ça arrive que j'utilise Google Maps parce que parfois les données Organic Maps, il y a plein d'endroits où quand tu cherches un magasin de vélo ou un truc comme ça, tu vas avoir plus de données sur Google Maps mais majoritairement c'est vrai que j'utilise Organic Maps hors ligne et en fait je le trouve super bien. En fait pour notre type de voyage c'est vraiment super bien. Mais c'est vrai que parfois on a d'autres fonctionnements.
Estelle :
Je ne sais pas trop ce que je peux en dire concrètement, parce que c'est jamais simple à expliquer en fait. Moi j'ai besoin d'énormément de concret et j'ai besoin de choses très, comment on dit, très concrètes, tangibles.
Et il y a quelques années, j'ai pris un autre chemin, parce que la vie m'a amenée à prendre un autre chemin. J'avais les mains qui me brûlaient le matin au réveil, je savais pas quoi en faire, et à la maison, dans la semaine, tout le monde s'est brûlé deux ou trois fois, et donc je me suis souvenu que ma grand-mère coupait le feu, et donc j'ai coupé les brûlures comme ça, et ça fonctionnait très bien, et je me suis dit, tiens, c'est incroyable.
Et j'ai toujours été intéressée par développer des outils de santé pour être plus autonome sur des choses de base, comme comment tu traites un rhume, une grippe, pour aider le corps à s'en sortir un peu mieux. Donc je me suis toujours intéressée un peu aux plantes, aux accompagnements divers de ce type.
Et c'est à force de travailler, de me former et d'être obligée de lâcher le mental, mon besoin de compréhension des choses, qu'il y a d'autres outils qui se sont développés, des outils non numériques, ...
Marc :
C'est du très haut de gamme, monsieur. C'est performant.
Estelle :
Et je pense qu'on est la science la plus développée qu'il soit et la moins impactante sur l'environnement. Je pense que l'être humain a une science incroyable.
Marc :
Une technologie de pointe. la plus grande technologie performante douce au monde. Pour expliquer un petit peu ce qui se passe, c'est que parfois on se retrouve en galère, on se pose la question où est-ce qu'on dort, alors on cherche un endroit, on se dit peut-être que là c'est possible, etc., et puis des fois c'est vraiment compliqué. Et en général on se retourne vers Estelle, on lui dit tu sais où est-ce qu'on dort ? Et elle se concentre, on essaye de faire silence, elle se pose un petit peu et puis d'un coup elle nous dit dans 2,4 kilomètres il va y avoir quelque chose donc on fait 2,4 kilomètres et c'est l'endroit où il y a un endroit ou alors une personne qui nous accueille ou alors un spot de bivouac de dingue et ce truc là c'est une information qu'elle reçoit.
On ne sait pas trop comment, mais il y a un truc comme ça qui vient et c'est assez fascinant à observer. Alors, les premiers coups, on se dit que c'est quand même vachement de la chance. Et puis, au bout d'un moment, on se dit que c'est étrange, ce truc-là. Mais c'est comme si, et on en est de plus en plus convaincu, c'est comme si elle arrivait à attraper les informations qui sont présentes.
Estelle :
Dans le champ d'information, un champ informationnel, et on dit j'ai besoin de ça, c'est où ? Et la réponse vient spontanément. Le travail énergétique, c'est un peu comme ça, c'est un peu ça, c'est travailler avec les informations, récupérer les informations, envoyer des informations, tu as vraiment un lien
Et la 5G, ça aide pas pour ça, justement ?
Marc :
Alors, je pense que la 5G, ça perturbe peut-être un petit peu parce que ça rajoute des ondes, là où il n'y en a pas forcément besoin. Mais ouais, tu captes la 5G.
Estelle :
De façon excellente. Je suis la 5G. Donc ouais, c'est un peu moi.
Marc :
Il y a quatre ans, tu me dis ça, je rigole, quoi. Voilà. Et puis maintenant, je rigole plus. Maintenant, je me dis, c'est cool.
Tu as vu concrètement ce que ça donne.
Estelle :
On le vit tous, on peut tous le vivre, je pense vraiment que c'est des choses de nos capacités humaines. On est tout le temps dans notre tête, quoi. Et en fait, les informations, on en reçoit tout le temps et on ne leur prête pas beaucoup d'importance. J'ai un exemple qui me vient, là. On voulait s'arrêter à un moment donné parce qu'il faisait froid, justement, les enfants en avaient marre, et on se dit, il y a un petit studio, là, en bord de route, qui a l'air à louer, donc on s'arrête, on essaie d'appeler, il n'y a personne, on sonne, il n'y a personne. Et on n'avait besoin de rien, mais j'ai voulu aller au magasin. On avait besoin de rien acheter. Tu rentres rarement dans une épicerie quand t'as besoin de rien, surtout dans un pays qui n'est pas le tien.
Et en fait on est allé faire des courses et j'ai quand même trouvé des trucs et j'ai acheté exactement comme si on allait aller dans le studio alors que la charrette était pleine, on n'avait pas la place, en soi c'était complètement absurde. Et en sortant du magasin, il y a quelqu'un qui s'approche et qui nous pose des questions sur le vélo, le voyage et on lui dit ben là justement on aimerait se poser, on a vu le studio. Ah mais c'est ma voisine, je l'appelle !
Et la personne est arrivée 5 minutes après et je me dis en fait j'aurais pas fait confiance à j'ai envie d'aller là bas j'y vais parce que je me serais dit c'est stupide on a besoin de rien puis je vais mettre ça ou nulle part on va attendre et puis voilà sinon on continue et ben on aurait pas rencontré ce gars. Et les choses ne se seraient pas mises en place.
Et des petits trucs comme ça qui nous paraissent anodins, on a tendance à les reléguer, ou alors là ce que je veux dire va paraître absurde pour plein de gens ou complètement loufoque. Mais il y en a tellement des exemples comme ça dans ma vie aujourd'hui que moi j'ai appris à lâcher, de vouloir tout comprendre et maîtriser.
Je commence à me réintéresser maintenant plus à la théorie et je recherche un peu plus de compréhension mais ça m'a tellement bloquée au début que j'ai vraiment appris à lâcher ça et à me dire plus tu lâches plus tu fais confiance plus tu remets pas plus tard ce que tu viens d'entendre comme voilà quoi je sais pas va là bas va voir à droite quoi et on va voir à droite et en fait si c'est par là parce que par là on peut contourner le truc pénible à vélo.
C'est un peu toutes les capacités du cerveau qu'on ne connaît pas encore forcément avec toutes les informations qu'on n'écoute pas forcément. Il y a une part d'intuition, il y a une part de s'écouter, de se dire qu'il y a peut-être quelque chose là.
Estelle :
Après, il y a plein de travaux qui sont hyper intéressants aujourd'hui, mais il y en a qui sont hyper vieux. On aime quand même bien encenser des gens, des scientifiques, pour des travaux qui rendent bien dans nos théories classiques. Puis dès qu'ils font des pas de côté, qu'ils font des travaux extraordinaires sur d'autres choses, mais que ça bouscule trop, dans le seul coup, ils valent plus rien. On les met au banc des accusés. Ils ont perdu la tête.
Mais il y a des travaux très très intéressants sur la conscience parce qu'on a tendance à penser vraiment que tout est un produit du cerveau et que la conscience est produit du cerveau. Il y a plein de travaux qui montrent que même si la conscience est à une partie dans le cerveau, elle est quand même sans doute beaucoup plus à l'extérieur qu'à l'intérieur et que du coup cette conscience qu'à l'extérieur elle peut se mettre en lien avec beaucoup de choses et avec des informations qu'elle capte et qu'elle vient réintégrer à notre cerveau qui lui va être capable d'être un bon exécutant, de mettre les choses en forme pour qu'on puisse les recevoir et les comprendre.
Marc :
Pour revenir sur le départ une fois qu'on a eu choisi de partir, On avait une date de départ. Estelle nous a trouvé une date : on part le 18 mars. On est parti le 19. On avait un jour de retard.
On suit ce qu'on a envie de faire, on suit notre envie, on suit ce pour quoi on est appelé à faire. À partir de ce moment-là, le cerveau est super efficient pour prendre les décisions, pour savoir quoi faire, pour organiser, pour mettre en œuvre, etc.
Moi, je me suis formé sur l'accessibilité numérique parce que mon métier de formateur en éco-conception, la formation sous la tente, ça ne le fait pas. Donc je me suis dit, tiens, je vais me spécialiser dans l'accessibilité numérique, je vais faire de l'audit.
Tu arrives à travailler en itinérance ? Grâce au numérique, grâce à la visio ? Du coup, vous avez votre ordinateur...
Oui, on travaille tous les deux en itinérance, parce qu'en fait, malgré tout, ça coûte cher de voyager. Le numérique est très présent dans nos vies aujourd'hui. On aurait bien aimé qu'il le fût moins, mais ce n'est pas le cas.
Voilà, on a un ordinateur, on a des smartphones, on a une tablette, maintenant depuis pas longtemps on a une enceinte connectée, une GoPro, enfin on a plein plein d'outils numériques.
Alors la cantate du numérique ?
C'est du reconditionné. En fait, on utilise beaucoup plus le numérique que ce qu'on aurait pensé. Et notamment pour le travail. Alors, ce qui est difficile pendant le voyage, ce n'est pas tellement de travailler, c'est d'aller chercher des clients. Ça, je n'ai pas du tout envie de le faire, moi, personnellement. C'est un truc, déjà, je n'aime pas le faire quand je suis à la maison. Mais alors, en voyage, je n'ai juste pas envie de m'en occuper du tout.
Donc, je n'ai pas beaucoup de boulot, mais j'en ai un petit peu quand même de temps en temps. Et dans ces cas-là, quand j'ai un audit d'accessibilité, on s'arrête, on va louer un truc. Là, je me souviens quand on était au bord de la mer Adriatique en Slovénie, c'était pas mal. On avait trouvé un appartement et les enfants pouvaient se baigner tous les jours en attendant que moi je travaille dans l'appartement. C'était vraiment cool. Mais voilà, il y a d'autres moments comme ça.
Estelle travaille aussi à distance parce que cette histoire d'énergie et tout ça, ça fonctionne aussi à distance et elle a des clients partout où on passe, en Italie, en Slovénie, c'est assez marrant, les gens font appel à elle et du coup elle travaille aussi à distance. On travaille tous les deux de temps en temps, le moins possible.
Déjà, faire les apprentissages avec mes enfants, c'est un vrai travail, j'imagine. Faire à manger, ranger la tente.
Il y a énormément de logistique, c'est très routinier. Nous qui détestons la routine, ça ne pèse pas tellement. C'est très routinier parce qu'en effet... Tu fais monter tous les jours la tente, démonter, ranger dès que tu as fini parce que tu ne peux pas laisser le soir un des trucs qui traînent dehors. C'est assez calibré, ça.
Tu arrives, tu montes, tu gonfles les matelas, t'installes les duvets, tu sors les sacs, tu prépares les affaires à l'intérieur pour les enfants... Et tu cuisines, tu ranges tout après, le lendemain, tu démarres... On remet les sacs de couchage à l'intérieur, on vide les matelas, on replie tout, et parfois dans la journée, on rouvre tout parce que ça n'a pas eu le temps de sécher, donc il faut tout étendre sur les places de village pour que ça sèche.
Il y a une grande routine et en même temps c'est vrai qu'elle n'est pas pesante. Pour nous qui avons du mal à supporter celle quand on est sédentaire, ce n'est pas une routine qui nous pèse.
On n'a pas parlé du partage de la route avec les automobilistes, ça va ? Dans les pays rencontrés, est-ce que la cohabitation est facile ?
Nous, ce qu'on fait, c'est qu'on ne prend pas les grosses routes. On évite au maximum les grosses routes, on évite les coins touristiques, on aime bien prendre les petites routes.
Ce n'est pas toujours possible ?
Et parfois, c'est pas possible, notamment pour venir dans cette ferme, c'était ultra dangereux. Et je crois que c'était, je pense, le tronçon le plus dangereux de notre voyage, d'autant qu'Estelle a perdu la direction de son vélo, donc c'était encore plus dangereux. Mais d'ailleurs, le matin, le matin même, elle dit, mais j'ai pas envie de prendre mon vélo. J'ai pas envie.
Estelle :
Ça m'est jamais arrivé. J'en ai marre, le poids, machin, etc. J'avais un vrai dégoût du vélo. On parlait des informations qu'on reçoit mais qu'on ne reçoit pas vraiment ou qu'on n'écoute pas. Ce matin-là, c'est la première fois depuis 9 ou 10 mois, que j'ai un vrai dégoût de mon vélo. Je le supporte plus le poids c'est vraiment le dégoût comme un dégoût alimentaire quoi j'ai pas envie de remonter dessus pour faire les 15 kilomètres pour monter ici mais pas du tout et la route la route était ultra dangereuse.
Marc :
On a une canne de marche pour servir de béquilles parce qu'en fait là les béquilles sont trop faibles pour porter le poids du vélo et donc là je la mets travers avec un gilet jaune pour comme écarteur donc j'ai 80 centimètres d'écarteur quoi. Et t'as les bagnoles qui roulent à fond, qui te frôlent et tu te dis mais t'es en famille avec les enfants. Qui rentre dans les écarteurs. Mais c'est fou.
C'était vraiment ultra dangereux, mais en même temps, tu ne connais pas la route en avance. Tu ne sais pas si tu peux passer à vélo, tu ne sais pas si tu vas, et puis tu te retrouves dans un endroit où c'est vraiment dangereux.
Et puis on fait en sorte de prendre les petites routes encore une fois. Dès qu'il y a des axes principaux, on n'y va pas, on fait des détours. Mais des fois, tu n'as pas le choix. Des fois, tu n'as pas le choix et ce n'est pas très cool. Mais sinon, voilà, il y a là et il y a celui sur la Côte d'Azur à côté de Cannes parce que c'était le festival de Cannes. On a eu aussi des gens qui étaient vraiment très dangereux. Mais sinon, honnêtement, globalement, ça va. Ça va, on s'en sort.
Est-ce qu'à Cannes, tu as mis la canne écarteur ? Ah ah ah, gros jeu de mots ! Les amis, on arrive un peu à la fin, là. Votre regard sur le monde, est-ce qu'il a changé avec ce voyage à vélo en famille ?
Marc :
Le rapport au monde. Alors déjà, je trouve que tout dépend ce que tu entends par le regard sur le monde. Moi, j'ai l'impression que je m'éloigne de plus en plus du brouhaha incessant de tout ce qui se passe dans le monde, etc.
Notamment au niveau national, parce que pendant votre voyage il y a eu une dissolution en France, si vous êtes au courant.
Ouais, mais on a dû aller à Milan pour à l'ambassade de Milan pour pouvoir voter. Donc ça, c'était pas prévu.
Tout ça pour voter pour Marine Le Pen, franchement ça valait pas le coup les gars.
Marc :
Je préfère ne pas en parler tout de suite devant le public. Je me sens beaucoup moins pris par le brouhaha, enfin ce que j'appelle le brouhaha, tout ce qui est médiatique. Parce qu'en fait, au fond, ce qui se passe dans le monde, on le voit, on sait à peu près ce qui se passe. Et en fait moi maintenant je vois un peu de loin, ouais ça c'était prévisible quand même mais en tout cas je suis moins pris dedans et en revanche beaucoup plus de connexion aux vivants en fait aux éléments à la vie et pareil ce truc là de se sentir connecté.
Bon, pareil, de vivre un truc un peu mystique. Je vois qu'il y a quelque chose de plus fort, de plus présent, qui me fait changer ma posture, ma façon d'être au monde, quoi.
Et toi Estelle. C'est une confirmation du regard que tu portais.
Estelle :
Moi, je dirais pas que ça a modifié des choses, parce que je pense que c'est antérieur à ça, les choses qui se sont modifiées. C'est que ça vient ancrer davantage. J'ai grandi en pensant que j'étais quelqu'un de stressée, anxieuse, angoissée. Et depuis quelques années, étonnamment depuis 2019, j'ai vachement de confiance en l'avenir. J'ai vachement de foi en l'avenir alors que tous les marqueurs ne sont quand même pas hyper open. Voilà, c'est ça. Je le vois, je ne dis pas le côté sombre qui ne fait que s'accentuer et qui va continuer, je pense vraiment, à descendre dans le lugubre et dans le sur-contrôle des gens.
Donald Trump, Elon Musk, Emmanuel Macron...
Estelle :
Mais en même temps, ce voyage, ce périple, je dirais plutôt, fait que renforcer ma foi en l'avenir, ma foi dans le fait que les choses, elles sont déjà en route, en marche pour aller vers autre chose, qu'on a des capacités incroyables pour transformer le monde, que les enfants, les générations qui viennent, ils sont porteurs de choses nouvelles et de capacités nouvelles.
Il y a aussi le rôle de la toxicité environnementale qui fait des ravages, moi je le vois chez tous les jeunes clients que j'ai, qui fait vraiment des ravages en termes de santé chez les enfants, en termes d'hyperactivité, de nervosité, de stress et tout ça, mais ils sont, je trouve, porteurs d'une vision du monde nouvelle, d'une énergie vraiment porteuse d'espoir parce que très grande avec des capacités de réflexion de voir les choses que je me souviens pas que les générations font avec la mienne. Et j'ai pas l'impression celle d'avant avait quoi donc je suis vraiment hyper confiante et quand je vois les capacités qu'on a quand je vois comment on est pour peu qu'on fasse taire un peu qu'on arrête de vouloir être là à tout prix et qu'on redescende un peu un peu plus bas.
Marc :
Elle montre son cerveau et elle va vers le coeur
Estelle :
Qui est composé de plein de neurones quand même. Il y a plein de travaux là dessus aussi.
On sent le consultant accessibilité numérique qui nous décrit en audio ce qui se passe.
Il y a plein de travaux à la HeartMath Institute notamment qui montrent que l'information, elle fait plutôt ça.
Marc :
Elle part du cœur et elle va vers le cerveau.
Estelle :
Je ne sais plus, à 90% du temps, ça va plus dans ce sens-là que dans l'autre. Et ça, c'est des travaux qui sont scientifiques.
Je trouve qu'on vit une période extraordinaire. Je trouve qu'on vit une période de bouleversement extraordinaire et qu'il faut juste qu'on défocalise de ce qu'on a décidé de nous montrer comme étant que sombre et qu'on voit tout le reste autour. Ça c'est une composante extrêmement forte de notre voyage et une des raisons de notre voyage c'est qu'on veut cultiver ce qui nous fait du bien en fait. On en a marre de tourner en rond, on les observe, on les voit et puis en fait ça prend la tête et puis ça nous tire vers le bas.
Et en fait l'avenir est totalement incertain mais de toutes les incertitudes moi je préfère en choisir une qui me donne de la joie.
Partir à vélo c'est hyper incertain. Mais qu'est-ce que c'est cool. Et en fait, je préfère vivre ça et cultiver ce qui est bon pour moi, ce qui me rend joyeux, ce qui fait que mes enfants s'épanouissent. Les gamins, ils sont lumineux. C'est un vrai plaisir. Ça commence vraiment à exploser. Ça se voit vraiment.
Mais voilà, je préfère cultiver ça plutôt que de me dire attend, est-ce que ceci, est-ce que cela, est-ce que l'extrême droite, ceci, cela. Oui, l'extrême droite elle vient bien sûr parce qu'en fait, ça fait des années que ça se prépare et qu'on le voit venir quoi. Ok, c'est pas ça que j'ai envie d'agir, c'est pas ça que j'ai envie de voir.
Et pour nos enfants, pour les générations qui arrivent, c'est super important qu'il y ait des gens qui soient non pas dans un espoir d'attente de quelque chose ou dans un espoir sans objet, mais dans une espérance, dans quelque chose de vivant. Ça me fait penser à des gens qui sont dans des cancers, en stade terminal, être bourrés de stress ou d'anxiété ou de dépression et tout ça, ça va t'aider en rien à lutter. Ça va aider en rien ton corps à lutter.
Et je pense que le reste dans notre vie est pareil, l'infiniment petit, l'infiniment grand, c'est les mêmes lois, c'est les mêmes choses qui se passent. Et ça a beau être sombre autour, parce que ça l'est, je veux dire, je pense pas que ça va s'arranger dans l'année qui vient, loin s'en faut. Mais si chacun cultive en soi, plutôt que de vouloir être sans arrêt dans le contre, sans arrêt, montrer du doigt celui qui est fautif, celui qui fait qu'il n'y a rien qui va, montrer du doigt, mais vous vous rendez compte, ceux-là, là, en fait, il n'y a que du fric derrière. Oui, mais je veux dire, ça ne s'est pas dit hier, les gars, ça fait des décennies que c'est comme ça.
Et montrer du doigt, tu ne vas pas aider les gens à changer, tu ne vas pas aider les gens à être capable de faire un pas de côté et de dire ok, j'ai plus envie de fonctionner comme ça. Et je pense que si on fait tous ce pas de se dire ok, je me tourne vers ce qui est constructif en fait, vers ce qui est lumineux, vers ce qui apporte de l'énergie, de la joie pour mes enfants.
Pour les générations qui viennent, pour moi, pour la société en règle générale, si on se tourne tous vers ça, si on arrête de pointer et d'accuser les uns les autres, mais de se dire ok, on a envie d'autre chose, t'es pas prêt, toi t'as pas envie, tu veux continuer à penser que c'est comme ça que ça fonctionne, ok ? C'est dommage quoi. Pour autant, je veux pas te tourner le dos, je veux pas te cracher au visage, c'est dommage. Si tu as envie de faire un pas de côté, bienvenue.
Et je pense que c'est ça le chemin qu'on a à faire aujourd'hui, la dynamique qui doit changer. C'est comme un sol, en fait. Des fois, t'as des sols qui sont pourris, qui n'ont plus de matière organique, qui n'ont plus rien. Tu changes deux, trois trucs. On sait faire, quoi. Et la vie dans ton sol, elle revient. Et c'est pareil à toutes les échelles.
Richard :
Tu sais quoi, Estelle, je vais suivre ton conseil puisque là je suis en plein débat contre des techno-optimistes sur LinkedIn, sur les réseaux sociaux et c'est vrai que moi-même ça me fait du mal et je suis pas sûr de les convaincre puisqu'ils sont dans leur idéologie, que tout va aller mieux avec plus de technologies, avec plus d'IA, etc. C'est vrai que je me suis un peu engagé des fois dans des débats vraiment stériles qui ne mènent à rien finalement. Je vais suivre ton conseil et peut-être faire plus d'humour ou peut-être me focaliser sur quelque chose de plus positif.
Bon les amis, on n'a pas parlé de choses très très sérieuses...
Comment ne pas avoir mal aux fesses durant ce voyage à vélo ? C'est cuissard pour tout le monde, même les enfants ?
Marc :
Déjà, on ne roule pas beaucoup d'heures par jour, nous. Non, on n'a plus rien. Au début, on avait ça, mais maintenant, on n'en a plus parce qu'en fait, déjà, on ne roule pas beaucoup d'heures. On roule deux heures, maximum trois heures par jour. Donc, ce n'est pas énorme, en fait. De toute façon, les enfants ne rouleront pas plus.
Au bout d'un moment, ça tanne la peau. On n'a pas besoin de cuissard, on n'a plus mal aux fesses, ça va bien.
Vous êtes devenu musclés. Vous avez annulé votre abonnement à la salle de sport ?
Ouais. Moi, je bouffe comme un sac, mais je maigris. C'est un truc de dingue. Moi je perds, je maigris. J'ai perdu vraiment du poids et puis j'ai les muscles qui sont épaissis, les muscles des cuisses qui sont épaissis et des mollets.
T'es devenu un peu plus beau gosse depuis la dernière rencontre.
Ben carrément, j'ai mes cheveux qui ont poussés. Non, ça c'est pas vrai. Non mais c'est marrant, le corps, le corps change quoi, nos corps se changent.
Et les bains froids dans les Dolomites.
Ça c'est cool franchement se baigner dans les rivières froides c'est franchement cool non ça c'est un vrai plaisir. On s'est baigné dans la mer noire à 8 degrés, on y allait avec les enfants c'était cool. Les bains dans les rivières, se laver dans les rivières, se laver vite fait le soir quand t'arrives dans les bois avec de l'eau.
Tu mets du temps à trouver un rythme, tu mets du temps là quand il faisait froid, les enfants ils ont vachement râlé au début, puis après c'était acquis. Avant les derniers rayons du soleil, il faut qu'on se soit décrassé parce que quand même tu roules et que c'est quand même une hygiène et ça donne un peu un cadre aussi, des repères.
C'était facile, tu commences par le haut, tu te rhabilles, tu fais le bas et puis c'est fait. Avec les derniers rayons, l'eau est gelée mais c'est pas grave, ça marche.
Quelle est votre prochaine destination après la Bulgarie ? Vous allez me dire peut-être déjà la Bulgarie ? Quand est-ce que vous repartez ? Il n'y a pas de date ?
Alors on est dans cette ferme jusqu'à fin février, 28 février normalement, et ensuite on prend la direction de la Turquie. C'est le pays d'après vers le sud, et après on ne sait pas où est-ce qu'on va, etc. Moi j'ai vraiment très envie de voir la Grèce, et puis après de remonter dans les Balkans. On ne sait pas exactement, mais a priori on descend en Turquie, après on remonte les Balkans, et puis on va vers le Nord.
Même aller en Syrie, apparemment ça va un peu mieux...
Marc :
Je ne sais pas. Tu sais, c'est quelque chose qui faisait très peur à Lucie notamment, mais si on va en Europe, à l'autre bout de l'Europe, on va aller en Ukraine, en fait non, on n'est pas obligé d'aller dans les pays en guerre ou pas loin. Mais ouais, donc je ne pense pas qu'on va aller très loin en Turquie, mais en fait, je n'en sais rien. Tout dépend si on se sent appelé ou pas.
Estelle :
Il y a ce truc moi je trouve vraiment qui change beaucoup, c'est d'être dans le concret et dans l'incarnation. J'ai pas l'impression de courir après des fantômes en faisant du vélo et en ayant ce mode de vie. J'ai l'impression de vivre beaucoup plus concrètement un changement de monde. C'est marrant. Alors que je suis beaucoup moins investi dans les associations, j'ai l'impression vraiment d'incarner pour moi ce changement qui est un changement de monde. On se change d'abord soi-même. Et en fait, sortir de son confort, sortir de sa zone de confort, sortir de là où on est, mais pour aller faire quelque chose qui rend heureux. En fait, ça me fait profondément changer, je sens, personnellement. Donc ça, c'est important pour moi.
Richard :
Je rajouterais, ok c'est une démarche individuelle ou familiale, mais grâce à votre blog, je trouve quand même que ça montre déjà que c'est possible, comment c'est possible, etc. Vous documentez quand même pas mal le voyage, donc ça peut aussi donner envie à d'autres. Merci déjà de documenter ça et merci d'avoir passé du temps pour nous raconter ce voyage qui n'est pas encore fini, ce voyage, ce périple, ce mode de vie. On a mis plusieurs qualificatifs. En tout cas, merci beaucoup Marc, Estelle et merci aussi à vos enfants qui ont dû partir jouer sans doute dehors, Léon et Lucie. Bonne suite du voyage.