En route vers l’an 2000

Newsletters > n°13 envoyée le 12/05/2023

La newsletter green, super green

Bonjour, je me suis beaucoup amusé à faire ce numéro de newsletter (même si pour cela je me suis couché tard, thug life !) et j’espère que vous vous amuserez tout autant à la lire et même à y jouer !

En effet, retrouvez les lettres cachées dans cette newsletter pour former un mot qui s’insérera dans une phrase à la fin de cette newsletter. Allez, le premier, c’est cadeau. R

Bonne lecture

1024 nuances de green

Grand remplacement par l’intelligence artificielle ou... grande précarisation ?

Antonio A. Casilli, sociologue spécialiste des sujets liés au numérique ayant étudié le fonctionnement concret des outils basés sur l’IA, il montre combien ceux-ci s’appuient sur du travail humain, généralement gratuit ou très mal rémunéré et reconnu. Plus qu’une disparition du travail, nous devons, selon lui, craindre une plus grande précarisation et atomisation de celui-ci.

Mur numérique

La Préfecture des Bouches-du Rhône est assignée en justice par des associations pour ne pas avoir mis en place d’alternative à la dématérialisation des demandes de titres de séjour. La dématérialisation des démarches en préfecture promettait de supprimer les files d’attente de personnes devant les guichets. En fait, ces files continuent à augmenter, mais elles sont devenues invisibles… sauf dans les permanences d’accueil où l’affluence a doublé depuis l’application de ces mesures.

Avoir mauvaise mine

Au Pérou, les conséquences dramatiques sur l'environnement et l'injuste redistribution financière des énormes projets miniers attisent le ressentiment des habitants. "L'argent des mines, la population autochtone n'en voit pas la couleur", explique Valérie Robin Azevedo. La protestation indigène s'est d'abord traduite par des blocages d'exploitations minières. Depuis le mois de décembre, sur le site d'Antapaccay, une mine de cuivre, d'or et d'argent située à Espinar, dans le sud du pays, la colère gronde contre les expropriations et la pollution des eaux aux métaux lourds. Une contamination qui a des répercussions sanitaires importantes.

Un fonds d'investissement pour les métaux critiques

La France lance un fonds d'investissement (2 milliards €) pour faciliter l'accès aux métaux critiques. Le fonds sera géré par la société de capital-investissement Infravia, basée à Paris et qui se présente comme "spécialisée dans les investissements en infrastructures et dans les entreprises de la Tech en forte croissance"... à suivre, voire à surveiller ! O

L'an 2000 vu en 1900

Le détournement de ces œuvres d’un autre temps vous est offert par la boutique.

Un postier sur un objet volant apporte du courrier : "vous avez 3 emails non lus"

Le postier

Un robot s'affaire sur un client d'un salon de coiffure. Le barbier lui indique : "Veuillez patienter monsieur, une mise à jour windows est en cours".

Chez le barbier

Un robot produit des vêtements. Un homme indique que ce robot produit plus de 10000 modèles par jour, plus que Shein.

Production de masse

Un homme sur un engin volant au dessus d'un peuple africain indique : "allez miner du cobalt, bande de sauvages, pour que je puisse continuer à jouer avec mes gadgets technologiques".

Le colonisateur

L'entretien

Sénamé Koffi

Dans l'épisode 77 de Techologie, à paraitre le 16 mai, nous avons changé de point de vue, direction Lomé, la capitale du Togo, pour discuter avec l’architecte Sename Koffi A., qui a fondé L'Africaine d'architecture, une association qu’il qualifie de “structure activiste”, dans le but de promouvoir une approche différente, une approche africaine, des questions d'architecture, d'urbanisme et de design. Extraits.

Quel est le positionnement des big tech, notamment les GAFAM, vis-à-vis des villes intelligentes dans le contexte africain ?

La smart city, on le comprend assez aisément, c'est le moyen pour une entreprise technologique de multiplier ses revenus de façon exponentielle. Quand tu livres une smart city ou quand tu t'inscris dans une production de smart city, il ne s'agit plus de vendre des devices à des individus, mais de produire directement à l'échelle. Pour des raisons purement mathématiques et de multiplication de revenus, on peut comprendre que les big tech soient très intéressés à la smart city. C'est d'ailleurs un concept qui a été inventé par une big tech, IBM. Et comme les plus grandes villes du monde apparaîtront très probablement sur le continent africain, c'est l'endroit vers lequel, aujourd'hui, le regard des big tech se tourne.

Est-ce qu'on peut imaginer sortir des logiques coloniales, qui concernent à la fois les africains, mais aussi les occidentaux, par rapport à ce sujet de déploiement des technologies ?

En réalité, on n'a pas encore vu apparaître de smart city sur le continent. J'analyse juste l'intérêt des big tech pour l'Afrique et ça se manifeste à plusieurs niveaux. Ça a commencé avec tout l'effort qu'il y a eu de fournir internet aux africains : les ballons d'Elon Musk, les drones de Mark Zuckerberg. Récemment, Google a connecté par câble, via mon pays, le Togo, le continent par câble sous-marin. Donc, ce qui est sûr, c'est qu'il y a tentation d'arriver sur le continent. Et le reste, on ne peut que spéculer.

Mais quand on observe ce qu'est le fondamental des sociétés africaines, il y a plusieurs craintes qu'il est légitime d'avoir. La première étant une espèce de terraformation par l'avènement de la smart city, de ce qu'est l'anthropologie profonde des africains. C'est-à-dire que les africains sont des sociétés de l'être collectif et des cultures qui ne sont pas encore arrivées au niveau d'atomisation sociale qu'on peut observer, par exemple, en occident.

Comme ces technologies, du digital pour beaucoup, copient ou se coulent dans le moule du social, le risque est, en introduisant des smart city, qu'elles participent à désagréger le tissu social et de faire des africains des individus aussi individuels que peuvent l'être dans le cadre de la grande ville des occidentaux aujourd'hui, voire encore plus individuels.

Après, il y a les sujets classiques de colonisation, d'impérialisme. La smart city pourrait être le lieu du déploiement d'une nouvelle infrastructure impériale sur le continent. La smart city est un nouvel outil d'exploitation capitaliste. Puisque le capitalisme, aujourd'hui, est essentiellement celui de la donnée et avec la ville intelligente, ce qu'on fait en réalité, c'est pomper de la donnée à l'échelle. Ensuite, qu'est-ce qui est fait de cette donnée, à qui elle appartient, etc. sont des sujets de vigilance, où, là aussi, on peut craindre que les verrous ou les vigies ne soient pas aussi efficaces en Afrique que ça peut l'être en occident, en considérant que c'est un contexte où il y a moins de besoin de légitimité, moins de recours au consentement des populations pour l'installation des choses, moins de démocratie.

L'intégralité de l'entretien passionnant avec Sénamé Koffi Agbodjinou à retrouver à partir du mardi 16 mai en podcast sur Techologie. Abonnez-vous sur votre plateforme préférée (GAFAM ou pas) pour être sûr·e de ne pas le manquer ! B

Greenwashing, greenwashing, you rince it 3 times, you smell, it smells like a flower

Trump sur un terrain de golf avec en surimpression le message détournée "Make the green green again"

Surconsommation d'eau ? Pas de panique, il y a une solution avec de l'IoT (l'Internet des objets ou capteurs connectés) pour permettre de dépenser moins d'eau... pour arroser le green des golfs O

Le feuilleton : L'hiver le plus long

Je vous propose une nouvelle rubrique dans cette newsletter, un feuilleton ! Le pitch ? Avec la crise de l'énergie, un hiver tendu est annoncé. Comment les familles d'Alex et de sa sœur Cathy vont vivre cet hiver qui devrait être long et encore plus compliqué que prévu. Les restrictions sont de plus en plus dures et les pannes d'électricité et le manque de chauffage mettent à mal la cohésion des familles mais aussi de toute la société.

C'est parti ! T

Jour -1 - La veille

Et dire qu'il y a quelques semaines, la première ministre nous annonçait un hiver un peu compliqué, elle était loin du compte. Aujourd'hui, les médias annoncent une situation très tendue. Nous risquons une coupure nationale d'électricité dès demain.

J'appelle immédiatement ma sœur, Cathy, qui vit à Landiras, dans le département de la Gironde :

L'été a été caniculaire, doublé d'une sécheresse longue et des feux de forêt dévastateurs. Pendant plusieurs jours, le feu a menacé la maison de Cathy. Comme tout son quartier, ma sœur a dû être évacuée avec sa femme et sa fille.

Cathy est forte et je l'ai toujours admiré pour ça. Elle a affronté tellement de choses dans sa vie. Lorsqu'elle a annoncé à nos parents qu'elle aimait une fille, j'étais là. Elle m'avait regardé un court instant comme pour chercher une sorte d'approbation, ce à quoi j'avais répondu par un clin d'œil et j'étais le plus fier des grands frères.

Mais un soir, pendant que la forêt brûlait toujours et que cela faisait plusieurs jours qu'elle et sa famille étaient hébergés dans un gymnase attendant de pouvoir revenir chez eux, elle m'a appelé et pendant notre discussion, elle a craqué. Elle pleurait comme je ne l'avais jamais vu pleurer. C'était frustrant, à distance, car évidemment je ne pouvais pas la prendre dans mes bras pour la soutenir et surtout je ne savais pas quoi lui dire. J'ai juste attendu que cela passe. Et c'est passé. Trop rapidement d'ailleurs car ma petite sœur était redevenue une femme forte et m'expliquait que tout irait bien.

Le risque de la panne d'électricité me stresse. Je décide de vérifier l'état de mes stocks alimentaires. Pâtes, riz, conserves, réserves d'eau. Tout est ok mais cela ne me rassure pas pour autant. Je prend mon vélo équipé de sacoches et direction le supermarché le plus proche, pour acheter, de manière compulsive, encore quelques conserves.

L'hiver s'est mis au diapason de l'été caniculaire : il fait très froid. Depuis le début des restrictions, nous ne pouvons chauffer notre maison qu'à seulement 18 degrés. Ma femme et nos enfants ont froid. Alors que moi, même si cela me surprend, je le vis assez bien. Dès que je sens des grelottements me gagner, je bouge, je fais une chose ou une autre. Ou je sors courir. Parfois même, je propose une bataille de coussins à mes enfants et cela nous fait oublier la sensation de froid.

Mais que va t'il se passer demain ?

À suivre dans le prochain numéro de la newsletter. Ou pas (car si c'est nul, n'hésitez pas à le dire)

Avant de se quitter

Avant de se quitter, bis

On y est ! Avez-vous trouvé les lettres égarées dans cette newsletter ? Si oui, vous devriez trouver que cette phrase fait sens en insérant les lettres dans l’ordre de leur apparition :

« La menace d’un grand remplacement par les _ _ _ _ _ _ est une manière d’assurer la discipline », Antonio Casilli

N'imprimez cet e-mail que pour présenter votre attestation de sortie Covid19 (ptdr, vous vous rappelez ?)

Si vous avez aimé, partager !

S'inscrire à la newsletter sur linkedin