RoboCop GPT

Newsletters > n°11 envoyée le 09/02/2023

La newsletter green, super green

Coucou, c'est re-nous ! Nous nous étions quittés... l'année dernière. Douze mois sans newsletter, ça va, vous l'avez bien vécu ? Nous, oui. En relisant le précédent numéro de la newsletter, on redécouvre l'entretien exclusif avec l'année 2022 qui annonçait non pas le développement des algorithmes d'intelligence artificielle génératrice de contenus mais bien du retour du walkman-cassettes. L'année 2022 s'est bien plantée, à vrai dire. Bon, on va pas se mentir, il aurait été tentant de réaliser ce numéro en le générant par des robots tout en sirotant une bière de Noël, mais on a préféré faire ça à l'ancienne, avec nos petits doigts à tapoter sur le clavier, le plaid sur les jambes. Bonne lecture et kiffez la life !

1024 nuances de green

Les étudiants en informatique passent au vert

Selon une étude de la Wild Code School, l’éthique environnementale pèse dans les choix de carrière pour 9 étudiants en informatique sur 10. Sur le sujet de la rémunération, deux tiers d'entre eux sont prêts à accepter un salaire plus bas pour travailler dans une entreprise performante sur les sujets environnementaux.

Quitter ou rester ?

Dans un récent épisode de Techologie, nous discutions avec Isabelle Huynh, ingénieure en mécanique. Isabelle a lancé l'Institut Transitions pour tous les profils (notamment les ingénieurs) qui souhaitent travailler dans le domaine de la transition écologique et solidaire. Sur le site de l'Institut Transitions se trouve un article, ou plutôt un outil d'aide à la décision : Faut-il déserter ? 4 questions à se poser pour savoir si on doit quitter son job.

Techno-optimisme irresponsable

Nous étions au "Forum de la technologie responsable" qui aurait bien pu se nommer "Forum du cloud, mais de droite". Faites comme si vous y étiez et fulminez avec nous :

C'était loin d'être au bon niveau.

Dans une autre conférence en janvier, un intervenant parlait des efforts pour rendre l'Intelligence Artificielle sobre, puis 5 minutes après, de l'IA pour optimiser l'exploitation pétrolière. Forcément, lors de la séance de questions, il était opportun de lui demander quelle cohérence de tout ça ? Le monsieur a bégayé une réponse.

L'entretien

Nous vous proposons en avant-première de découvrir, à l'écrit, le prochain entretien du podcast Techologie qui sera disponible dans une version bien plus longue. Nous allons parler de traçabilité et transparence de la chaine d'approvisionnement des équipements numériques.

L'une des deux intervenantes de cet épisode est Brigitte Demeure. Elle travaille depuis très longtemps sur les conditions de travail de l'industrie électronique et est actuellement représentante en France d'Electronics Watch. Voici un aperçu de nos échanges.

Quelles sont les activités et les objectifs d'Electronics Watch ?

Electronics Watch reprend là où se situaient les limites du programme européen, Procure IT Fair, qui visait à introduire des critères sociaux et environnementaux dans les appels d'offres d'achat d'ordinateurs, mais rien n'avait été prévu pour le contrôle de l'exécution de ces critères. Et c'est à la réalisation de cet objectif que travaille Electronics Watch. Ce travail a pour moteur, les ouvriers des usines, c'est-à-dire que ce sont les ouvriers qui font état à Electronics Watch de leurs préoccupations des violations du droit du travail qu'ils constatent, et puis aussi dans l'environnement, et à partir de cela, des rapports sont établis par nos partenaires de monitoring qui représentent les ouvriers. Et ces rapports remontent à la direction d'Electronics Watch qui peut négocier avec l'industrie pour remédier aux violations.

J'ai découvert en préparant cet échange, le devoir de vigilance. Comment tu peux définir ce devoir de vigilance ?

Le devoir de vigilance a été introduit dans une loi qui était une loi pionnière en 2017 en France. Cette loi concerne les entreprises établies en France qui emploient au moins 5000 salariés en France ou 10000 dans le monde. Cette loi s'applique aux activités de l'entreprise elle-même, des sociétés qu'elle contrôle, directement ou indirectement, des sous-traitants et fournisseurs avec lesquels est entretenue une relation commerciale établie. Elle couvre tous les secteurs d'activité et a un large domaine d'application. Et sont concernées toutes les atteintes graves envers les droits humains et les libertés fondamentales, la santé, la sécurité des personnes, ainsi que l'environnement. La limite de cette loi, c'est que les plaignants doivent apporter la preuve des violations. Donc il faut aller au tribunal, et en France, ça prend des années.

Il y a une nouvelle loi qui a été adoptée en Allemagne depuis janvier 2023. Elle s'applique aux entreprises de plus de 3000 salariés en 2024 et s'appliquera aux entreprises de 1000 salariés, mais elles ne s'appliquent qu'aux sous-traitants directs. En Angleterre, depuis 2015, il existe une Anti-Slavery Act. Au niveau européen, il existe un projet de directive depuis 2022, qui n'a donc pas encore été publiée, mais c'est en négociation. Et aux USA il existe depuis 1930 un Tarif Act qui a été renouvelé par Barack Obama pendant son mandat. Avec la Customs Border Protection, les autorités américaines peuvent saisir la marchandise ou exclure des marchés américains les marchandises qui ont été reproduites dans des conditions d'esclavage moderne.

Ce que j'aimerais aborder plus précisément, c'est le problème des travailleurs migrants qui doivent souvent payer des frais de recrutement très élevés . Je vais expliquer le cas, par exemple, de travailleurs vietnamiens qui ont voulu travailler à Taïwan. Ce problème de frais de recrutement ne s'applique pas seulement à l'industrie électronique, mais ça concerne toute l'industrie et ça peut concerner aussi l'agriculture. Ces migrants qui ont décidé de travailler à Taïwan ont dû payer plus de 6000 dollars souvent, soit trois à quatre ans de salaire minimum au Vietnam. Pour payer cette somme, ils ont dû s'endetter avec des taux usuriers. Ou bien s'ils avaient, par exemple, des terrains ou des maisons, ils ont dû prendre des hypothèques sur ces biens. Ils ont dû également payer des cautions à hauteur, par exemple, de 1000 dollars qui ne leur seraient pas remboursés, au cas où ils rompent leur contrat de travail. De leur salaire ont été retirés 10% pour le logement et la nourriture.

D'autres qui travaillaient en Serbie et qui étaient obligés de chasser des lapins dans les forêts voisines, pour pouvoir manger. Je reprends l'exemple des travailleurs vietnamiens : les agences de recrutement leur prélevaient 6 à 7% directement sur leur compte en banque. On leur confisquait leur passeport. On leur infligeait des amendes pour avoir enfreint les règles des dortoirs ou des usines. Ou bien pour avoir enfreint le couvre-feu, couvre-feu qui était plus strict pour eux que pour les nationaux. Ils étaient donc obligés de travailler pour rembourser les dettes qu'ils avaient prises pour payer les frais de recrutement. Il est fréquent qu'ils travaillaient pendant plus de 12 heures. Et, surtout, ce qui les intéressait en plus, c'était de faire des heures supplémentaires pour rembourser leurs dettes. Quant ils subissaient des accidents de travail, la majeure partie des frais leur étaient facturés. On leur demandait aussi de signer des documents vierges à l'entrée et au départ.

Un autre exemple, ce sont des jeunes qui travaillaient au Japon et qui travaillaient pendant plusieurs années comme stagiaires, et qui ont payé les recruteurs jusqu'à concurrence de 5300 dollars. Les clients finaux étaient alertés sur ces problèmes et il se trouve qu'un fournisseur taïwanais a dû rembourser récemment 750000 dollars de frais de recrutement. Une autre grosse marque d'électronique, qui a exigé de ses fournisseurs taïwanais qu'ils mettent en œuvre des politiques de frais de recrutement nuls, mais qui identifient encore des cas de travailleurs étrangers payant des frais. Jusqu'à présent, cette marque a demandé à ses fournisseurs de rembourser 33 millions de dollars à plus de 37000 travailleurs. Dans les États du golfe à l'Asie du sud-est, des centaines d'entreprises ont remboursé des centaines de millions de dollars à plus de cent mille travailleurs.

Mais parfois donc, les moteurs du changement viennent de l'industrie elle-même. La Responsible Business Alliance (RBA) avec laquelle Electronics Watch travaille pour améliorer les conditions de travail et de recrutement, est la plus grande alliance industrielle au monde dans son domaine, l'électronique et l'automobile. Elle exige que ses membres s'engagent à un recrutement éthique et un remboursement des frais dans les chaînes d'approvisionnement. Elle a fait auditer des dizaines d'usines ce qui est probablement l'effort le plus important de toute initiative multipartite.

Ces dettes de recrutement ne sont pas rares en Asie : selon une enquête récente de l'OIT, l'Observatoire International du Travail, 27,6 millions de personnes dans le monde sont touchées par cette forme d'esclavage moderne et la tendance est à la hausse. Et plus, la moitié d'entre eux vit en Asie. C'est donc un très gros problème en ce qui concerne la transparence des chaînes d'approvisionnement puisqu'il faut absolument réussir à cerner ce problème et à trouver des solutions. Il existe des lois qui sont promulguées dans certains pays, comme au Vietnam, par exemple, très récemment, depuis l'an dernier, mais il faut aussi trouver le moyen pour les faire appliquer au niveau mondial, au niveau de toutes les industries et au niveau de l'agriculture.

Vous avez eu un militant sur place qui a été assassiné ?

Je ne sais plus si c'était aux Philippines, effectivement, un partenaire a été assassiné suite aux découvertes qu'il avait fait, et c'est un vrai problème pour beaucoup de syndicats et de syndicalistes dans les régions de production, qui sont intimidés, jusqu'à la violence physique.

💚 Greenwashing, greenwashing, you rince it 3 times, you smell, it smells like a flower 💚

Nous sommes en 2023, vers une trajectoire entre +2 et +4 degrés à la fin de ce siècle et TotalEnergies continue à se foutre de la gueule du monde :

En réponse à #cashinvestigation : le rapport du GIEC de 2022 ne dit pas qu’il ne faut plus développer de nouveau champs de pétrole ou de gaz.

À ne pas manquer

RoboCop

Arte diffusait il y a quelques jours RoboCop, film américain réalisé par le néerlandais Paul Verhoeven, sorti en 1987. Ce film (note de l’auteur : que je n’avais jamais vu et pourtant j’ai baigné dans le cinéma des années 90 et les locations de cassettes !) et que je pensais bien bourrin, s’avère être, contre toute attente, un objet techno-critique, mais bourrin quand même par moments, faut pas déconner. Il mérite vraiment le détour car il contient pas mal de moments intéressants concernant l’impact des technologies et la façon dont les puissants les utilisent à leur avantage.

Vous allez aimer, entre autres :

Si vous avez la flemme de regarder ce film, vous pouvez vous contenter de lire le synopsis sur Wikipedia). Pour vous donner envie d'en savoir plus, voici un avant-goût.

À la fin du xxe siècle aux États-Unis, l'Omni Cartel des Produits (OCP), un important conglomérat militaro-industriel et commercial a la mainmise sur divers marchés lucratifs comme, entre autres, l'armement, la conception et la fabrication de robots et de prothèses médicales, mais aussi plus marginalement la gestion du département de la police de Détroit. Cependant, les hauts dirigeants de l'OCP ont un rêve : « Delta City », une mégalopole futuriste qui remplacera la vieille cité de Détroit gangrenée par une criminalité de plus en plus violente. Au quartier général de l'OCP, le vice-président de l'organisation, Richard « Dick » Jones, présente à la direction son projet de robot-policier, l'ED-209. Une démonstration est improvisée dans la salle de réunion entre un prototype ED-209 et un cadre de l'OCP qui simule un voyou armé. L'expérience vire au carnage. L'ED-209 abat le « cobaye » de l'expérience en le criblant de balles. Bien que le volontaire ait obéi au robot en jetant son arme sur le sol, ce dernier ne semble pas avoir enregistré ce détail et a réagi comme si le suspect refusait d'obtempérer.

Avant de se quitter

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